La présidente de l’OGBL, Nora Back, ne veut et ne peut plus comprendre pourquoi le gouvernement continue à freiner des quatre fers pour organiser une nouvelle tripartite nationale. «À ce que je sache, nous nous trouvons en plein milieu d’une crise sans précédent», martèle-t-elle. Le Premier ministre, Xavier Bettel, affirme, lui, vouloir convoquer les partenaires sociaux «en temps utile».
L’attentisme du gouvernement a même donné lieu à la formation d’un front commun insolite. Le camp patronal s’est en effet allié au camp syndical pour forcer le retour du gouvernement à la table des négociations. Selon Nora Back, le Premier ministre a été cueilli à froid par cette nouvelle unité entre salariat et patronat. Mais rien n’y fait. Les syndicats n’ont eu droit qu’à deux réunions «décevantes» dans le cadre du semestre européen, cet instrument de coordination des politiques économiques et budgétaires des pays de l’UE. Les ministres Fayot et Gramegna se seraient contentés de présenter leurs documents respectifs, déjà figés au moment où OGBL, LCGB et CGFP ont pris connaissance du contenu.
Le même reproche d’un manque de dialogue est revenu jeudi à la Chambre des députés. Les partis de l’opposition ont fustigé le fait que le gouvernement ne leur a laissé que quelques jours pour étudier et analyser une documentation lourde de plus de 500 pages.
Il y aurait toutefois suffisamment matière à discuter. À commencer par la hausse incessante du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté (72 000 en 2008, 122 000 en 2019). La pénurie de logements à prix abordable est la cause majeure de ce dérapage social, que les partis de la majorité n’aiment pas thématiser. Il est plus simple de se féliciter que le PIB n’a finalement baissé que de 1,3 % en 2020 et que le déficit budgétaire a pu être réduit de 5,1 à 3,3 milliards d’euros.
La marge financière gagnée grâce à cette résilience devrait servir en priorité à s’attaquer avec plus de force encore aux inégalités sociales qui ne cessent plus de se creuser. Les syndicats ne vont pas manquer de mettre le doigt sur la plaie, lors des manifestations du 1er-Mai. Le gouvernement a tout intérêt à ne plus faire la sourde oreille.
David Marques