Qu’on l’aime ou pas, que l’on soit d’accord avec sa politique ou non, s’il est une qualité que l’on ne peut retirer à la chancelière allemande, c’est bien l’opiniâtreté. Lundi, au lendemain d’élections régionales difficiles pour son camp qui a vu la percée de la formation populiste AfD, Angela Merkel a maintenu sa politique migratoire. «Je vais continuer ce que j’ai fait ces derniers mois», a-t-elle déclaré, répétant que seule une solution européenne pourrait apporter une réponse à la crise migratoire actuelle.
Et cette constance est somme toute rafraîchissante, dans un paysage politique européen marqué parfois du sceau de la versatilité, les dirigeants politiques se transformant quelquefois en girouettes au gré des humeurs de l’opinion publique. La gauche de gouvernement devrait d’ailleurs s’en inspirer, elle qui est souvent prompte à renier ses idéaux.
Car le grand perdant des élections de dimanche, plus que la CDU d’Angela Merkel, c’est bien le Parti social-démocrate (SPD). Ce parti, qui engrangeait quelque 40 % des voix il y a 15 ans, ne décolle plus des 23 % au niveau fédéral aujourd’hui. Pour beaucoup, au-delà de la conjoncture actuelle, le SPD paie en partie les réformes du marché du travail d’inspiration libérale de Gerhard Schröder des années 2000.
La gauche de gouvernement ne semble toujours pas l’avoir compris : mettre en place des réformes de droite ne fait pas gagner des électeurs. L’exemple le plus caricatural étant bien sûr le Parti socialiste (PS) français. Au lieu d’assumer ses idées face à la montée du Front national, l’exécutif socialiste reprend au contraire son programme : déchéance de nationalité, État policier, discours antiréfugiés de Manuel Valls. Mais le PS ne ravira pas d’électeurs à l’extrême droite avec ce revirement, ni à la droite avec son orientation économique néolibérale. Comme le répètent à l’envi les observateurs : les citoyens préfèrent l’original à la copie. Pas de gains à droite donc et des pertes à gauche. L’électorat traditionnel du PS ne s’y retrouve plus et la raclée de 2017 s’annonce historique.
Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)