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Une chance à saisir

L’Astérix wallon, Super Magnette ou encore Magnetix. Le ministre-président de la Wallonie, Paul Magnette, est considéré depuis quelques jours comme le dernier défenseur d’un monde libre et social. À tort ou à raison ? Une chose est sûre : cela relevait du bon droit des Wallons de jouer crânement leur rôle pour obtenir les garanties réclamées avant de valider, du moins provisoirement, l’accord de libre-échange que l’UE était censée signer hier avec le Canada (CETA).

La cacophonie autour du CETA s’est légèrement calmée jeudi avec un accord trouvé sur le plan belge pour permettre au gouvernement fédéral de signer le traité. S’agit-il d’une victoire pour Paul Magnette et ses irréductibles «Gaulois» siégeant au Parlement wallon ? Rien n’est moins sûr, même si les garanties désormais ancrées noir sur blanc, notamment en ce qui concerne les tribunaux d’arbitrage, devraient profiter à tous les États membres de l’UE. Reste à savoir si les 27 pays qui avaient validé dès vendredi dernier le CETA seront prêts à accepter ce traitement privilégié de la Belgique. Il ne faut en effet pas oublier que le blocage wallon, même s’il repose sur des intentions tout à fait valables, comporte aussi une importante composante de politique politicienne belgo-belge.

Il faut désormais tirer les bonnes leçons de cette cacophonie afin d’éviter un scénario où l’UE, la Wallonie et la Belgique seraient toutes perdantes. Aussi bien la Commission européenne que le gouvernement fédéral belge ont sous-estimé la volonté des Wallons. Jusqu’au bout, ils ont pensé pouvoir passer en force comme cela a été si souvent le cas par le passé. Mais ce bras de fer acharné autour du CETA démontre bien que les citoyens veulent à nouveau avoir plus leur mot à dire, dans un système politique et économique bien trop opaque.

Il faut saisir cette chance pour remettre en question des principes, dont l’ultralibéralisme, qui prédominent depuis des décennies en Europe. Au Grand-Duché aussi, la croissance forte et aveugle est remise en question. Il est temps de se poser les bonnes questions afin de poser les jalons justes d’un avenir meilleur.

David Marques