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Une campagne sans repères

S’il est une chose dont on peut être à peu près sûr dans cette folle campagne présidentielle française pleine de rebondissements, c’est qu’il n’y aura pas de candidat unique de la gauche. La volonté de nombreux électeurs de voir se créer une alliance Jean-Luc Mélenchon-Benoît Hamon est bien partie pour demeurer un vœu pieux. On pourrait ergoter longtemps sur la responsabilité des uns et des autres en considérant l’ego surdimensionné du tribun au verbe haut et la fidélité à un Parti socialiste à l’état de mort clinique du vainqueur de la primaire. Mais le résultat est là, séparément, les chances des deux hommes d’accéder au deuxième tour sont plus que minces.

À droite, François Fillon est pour l’instant très affaibli par le «Penelopegate». Mais il reste deux mois avant le premier tour du 23 avril, ce qui lui laisse une certaine marge de manœuvre pour «se refaire la cerise». D’autant plus que le candidat du parti Les Républicains peut compter sur un électorat de droite fidèle.

Au centre (ou au centre droit ou peut-être centre gauche?), nous avons le jeune (39 ans) et énigmatique Emmanuel Macron. Difficile de cerner le chouchou des médias qui fut un des inspirateurs des réformes économiques de François Hollande – pas très inspiré d’ailleurs puisque le président sortant n’a même pas osé se représenter tant il était impopulaire. La «vague» Macron est-elle un mouvement de fond ou une simple bulle médiatique? Bien malin celui qui peut répondre à la question.

Voilà un petit passage en revue des favoris de la présidentielle française. Mais attendez, on n’oublierait pas quelqu’un là? La candidate d’un parti qui a remporté les européennes de 2014, qui a fini en tête du premier tour des régionales de 2015, une candidate qui traîne une batterie de casseroles derrière elle sans être affaiblie? Bien plus que Macron, c’est bien Marine Le Pen qui profite d’une droite affaiblie et d’une gauche empêtrée dans ses divisions ataviques.

Si aucun candidat des deux grands partis traditionnels devenus inaudibles n’est présent au second tour – un véritable séisme politique – les intéressés ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)