Le très convenu palmarès du 69e festival de Cannes aura au moins eu un mérite : celui d’offrir, à travers le réalisateur Ken Loach, Palme d’or pour son I, Daniel Blake, une tribune politique à un Anglais de gauche. Un vrai, un dur.
De son discours de remerciements, engagé – autre chose que l’émotion égocentrique du Grand Prix, Xavier Dolan –, on retiendra cet optimisme chevillé au corps, cette volonté de toujours croire en l’homme, même aux heures les plus graves. Alors que le bon Ken recevait son trophée, au centre de l’Europe, les Autrichiens commençaient à compter.
Un décompte qui aura duré un jour et une nuit. Pour repousser, une fois encore, l’échéance de l’avènement de l’extrême droite en Europe. Hier, en milieu d’après-midi, soulagé mais inquiet, le continent sortait de sa torpeur grâce à l’écologiste Alexander Van der Bellen. Et donnait raison au réalisateur de Riff-Raff : une autre Europe est possible.
Alors que l’Europe est rongée par les crises, économique, migratoire et politique, les Autrichiens croient encore en l’espoir d’un monde meilleur. L’écart est faible, mais il existe.
Et les Anglais s’en souviendront peut-être, dans 100 jours, au moment de voter le Brexit. Les Français aussi lors de leur élection présidentielle de 2017. Les Allemands regarderont à deux fois avant de voter pour l’AfD. Car un autre monde est possible. Un monde qui croirait encore au progrès et à la démocratie, en cette égalité si chère à Ken Loach, qui n’a de cesse, film après film, de dénoncer les méfaits du capitalisme.
Une autre Europe est possible. Elle n’a pas à être thatchérienne, d’extrême droite ou repliée sur elle-même. «Nous approchons de périodes de désespoir, dont l’extrême droite peut profiter. Certains d’entre nous sont assez âgés pour se rappeler ce que ça a pu donner. Donc nous devons dire qu’autre chose est possible», a clamé Ken Loach dimanche soir, au milieu des paillettes de Cannes. Les paroles d’un sage au milieu d’une meute qui a oublié que le cinéma pouvait être, avant toute chose, un instrument de «protestation».
Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)
Une autre Europe est possible. Votre article planne à dix milles metres d’altitude ! Qu’est ce que cela veut dire ? Bien sûr qu’une autre Europe est possible et même une autre Europe arrivera. L’Europe est actuellement au bord de l’implosion. Aujourd’hui, nous avons besoin d’un nouveau projet européen pas d’une rêverie douce. Un nouveau souffle ! Prendre les pays qui veulent plus d’intégration européenne et laisser les autres. Qu’importe si les anglais partent et même tant mieux d’ailleurs car il n’y a que le marché qui les intérèsse. Essayez de retenir ceux qui veulent encore d’une Europe avant qu’ils ne votent extrème droite eux-aussi !!!