Une ambition encore lointaine

En 1973, Alain Peyrefitte, figure du Gaullisme et membre de l’Académie française faisait publier un essai intitulé Quand la Chine s’éveillera… le monde tremblera. Il y expliquait que compte-tenu de la taille du pays et de la croissance de la population, la Chine finirait par s’imposer au reste du monde dès qu’elle aura maîtrisé une technologie «suffisante». L’essayiste n’a pas inventé ce titre. La phrase complète et prothétique «laissez donc la Chine dormir, car lorsque la Chine s’éveillera le monde entier tremblera» serait attribuée à Napoléon 1er. Il l’aurait prononcée en 1816 à Sainte-Hélène après avoir lu La relation du voyage en Chine et en Tartarie, un ouvrage rédigé par le premier ambassadeur du roi d’Angleterre en Chine à l’époque, un certain Lord Macartney.

La Chine s’est éveillée, elle a les yeux grands ouverts et compte bien peser un poids plus important dans la scène internationale. Aujourd’hui deuxième puissance économique mondiale, derrière les États-Unis, l’Empire du Milieu a dévoilé en 2013, une initiative ambitieuse nommée «la ceinture et la route» portant une série d’accords commerciaux bilatéraux et sur des projets d’infrastructure reliant le pays à 68 autres (dont le nôtre) situés entre l’Asie centrale et l’Europe en passant par le Moyen-Orient et l’Afrique. Continent où les Chinois sont déjà très présents grâce notamment à des gares et des lignes de chemin de fer. C’est très intelligent car cette «nouvelle Route de la Soie» vise à appuyer la croissance dans des pays en développement situé sur la route. Et c’est inscrit dans la Constitution du Parti Communiste chinois depuis octobre.

Depuis le Luxembourg, ce projet aussi ambitieux soit-il, courant sur plusieurs décennies nous paraît lointain. On a du mal à imaginer quel impact il aura dans notre vie de tous les jours. Bien sûr, ce sera bénéfique pour notre place financière qui compte en moment sept banques chinoises et pour le fret ferroviaire. Mais pour nous citoyens, concrètement, qu’est-ce que ça changer ? Cela va-t-il créer des emplois ? Améliorer nos vies ? Ça, c’est l’avenir qui nous le dira.

Aude Forestier