Comme nous l’évoquions dans notre édition du 27 décembre, le Grand-Duc Henri a dessiné, lors de son discours de Noël, les contours d’une belle perspective. Trop belle d’ailleurs, même si cela honore le souverain. «L’année 2024 sera olympique. Je forme par conséquent le vœu ici que la trêve olympique devienne réalité, que le dialogue, la solidarité, le respect mutuel et la tolérance reprennent le dessus», a lancé le chef de l’État, lui-même membre du Comité international olympique (CIO).
Malheureusement, ce vœu restera pieux. Au vu de la situation géopolitique tendue, à la fois sur le front de la guerre en Ukraine, pays croulant sous les bombes russes depuis près de deux ans, et dans la bande de Gaza, il est très peu probable de voir le maître du Kremlin, Vladimir Poutine, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, ou encore le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, baisser les armes. Le pire est que ce trio est moins enclin à respecter la trêve olympique qu’Iphitos d’Élide, Cléosthène de Pisa et Lycurgue de Sparte, à la base de cette tradition. Elle fut instituée dans la Grèce antique, au IXe siècle avant Jésus-Christ. Le traité signé par les trois rois devait permettre aux athlètes et spectateurs de ces trois royaumes antiques – qui étaient presque constamment en guerre – de participer en toute sécurité aux Jeux olympiques.
Même le CIO ne semble pas trop y croire, en dépit de son choix de «faire revivre» la trêve olympique. «Son but est de préserver, dans la mesure du possible, les intérêts des athlètes et du sport en général ainsi que d’utiliser le rôle du sport pour promouvoir la paix, le dialogue et la réconciliation», peut-on lire sur le site internet officiel du mouvement olympique. Plus marquant encore est le fait que ce même CIO ait annoncé début décembre que les athlètes russes seraient officiellement autorisés à participer aux Jeux de Paris. Cette décision a suscité l’ire de l’Ukraine, qui a même évoqué un boycott afin d’épargner à ses athlètes d’affronter des sportifs issus du pays qui mène une guerre d’agression contre leur peuple.
On ignore encore dans quel état d’esprit seront les athlètes israéliens et palestiniens en lice dans la capitale française. Le dialogue, la solidarité, le respect mutuel et la tolérance, prônés par le Grand-Duc, vont là aussi rester un vœu pieux. Triste constat, mais dure réalité.