Depuis quelques semaines et l’émergence de centaines de cas de variole du singe, l’on s’inquiète forcément de ce virus. Pour l’heure, «la probabilité de contagion est très faible» à grande échelle, rassurent les autorités européennes. Tant mieux, après deux ans de pandémie, cela fait quand même un peu tôt pour retomber dans une psychose sanitaire. Toutefois, «la probabilité de transmission du virus en cas de contact proche, par exemple durant des rapports sexuels avec des personnes ayant plusieurs partenaires, est considérée comme élevée». Pas besoin d’avoir fait médecine, du reste, pour savoir que multiplier les relations non protégées expose à des dangers de toute sorte.
Ce virus n’est pour autant pas une maladie sexuellement transmissible, insiste l’Organisation mondiale de la santé. Et si la variole du singe est décrite comme généralement bénigne, très peu létale, cela n’empêche pas un mal plus virulent de se propager et infecter des consciences troublées. Dont la science infuse dans les idéologies les plus crasses. Il a suffi, au Royaume-Uni, que plusieurs cas soient identifiés parmi des personnes LGBT pour que la bêtise devienne virale. N’en déplaise aux virilités les plus mal placées, «ce n’est pas une maladie homosexuelle, comme certaines personnes sur les réseaux sociaux ont tenté de l’étiqueter», s’agace même l’OMS.
L’amalgame n’épargne pas le Luxembourg. Dans un communiqué diffusé le 21 mai dernier, le ministère de la Santé évoque des risques accrus pour «les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes». La maladresse a provoqué une réaction épidermique chez déi jonk gréng, les élus fustigeant «une affirmation fausse qui constitue une stigmatisation dangereuse» et invitant le ministère à s’exprimer «de manière plus sensibilisée, recherchée et nuancée». Stigmatisation d’ailleurs toujours persistante autour du VIH. L’Onusida a justement été obligée de pointer «les dérapages homophobes et racistes» qui ne font que «miner la lutte contre l’épidémie». Une telle lutte implique de faire preuve d’intelligence collective, et bien des efforts à consentir. Quant à éradiquer un jour le virus de l’intolérance, l’effort semble là surhumain.
Alexandra Parachini