Fin juillet, la prolongation d’un mois du rabais à la pompe semblait déjà douteuse. L’argument pour le répit d’un mois supplémentaire était de rester aligné sur l’Allemagne qui avait fixé la date butoir de son rabais au 31 août. Visiblement, le gouvernement ne se doutait pas encore que le Grand-Duché allait faire se doubler, à pleine vitesse, par la France.
La fin du rabais de 7,5 centimes luxembourgeois, conjuguée à une hausse du rabais français de 10 à 30 centimes, a déclenché une petite révolution. Le prix pour un plein est soudain devenu entre 10 et 20 euros moins cher de l’autre côté de la frontière. Les automobilistes allemands, par contre, trinquent avec des tarifs qui ont explosé à plus de 2 euros le litre. On ne doit donc pas trop se plaindre de prix, certes (momentanément?) revus à la hausse, mais toujours beaucoup moins élevés que, par exemple, au Portugal, un pays bien moins doté financièrement que le Luxembourg. Et puis, du moins selon un calcul présenté par Meris Sehovic, le coprésident de déi gréng, un habitant de Wiltz qui parcourt 120 km pour aller travailler à Luxembourg a épargné en un mois à peine 13 euros grâce à l’État.
Les pro-rabais fulminent. On peut citer l’ADR et le CSV, mais aussi l’Union des consommateurs ou le LCGB. La fin des 7,5 centimes de ristourne pénaliserait non seulement les automobilistes, mais aussi les finances publiques. Moins de vente de carburants équivaut à moins de recettes fiscales. Et peu importe si le plein est fait au Luxembourg ou en France, cela ne changerait rien au bilan carbone.
L’argument financier est bien plus valable que l’argument climatique, qui au vu de l’état de santé de la planète, est malsain. Par contre, il existe d’autres moyens, plus ciblés, pour subvenir aux ménages les plus impactés par la flambée des prix. La fin du rabais n’équivaut pas à la fin des aides étatiques. Et le manque à gagner d’un milliard d’euros en accises? Inflation ou pas : que ce soit le petit Luxembourg ou la grande France, on se doit tous d’agir pour le climat. Le défi sera de trouver de nouvelles sources de recettes fiscales plus durables. La crise actuelle a au moins ce mérite : le virage à prendre vers la fin du sacro-saint tourisme à la pompe pourra être bien préparé.