Un mois après les attentats du 13 novembre, la France se trouve dimanche face à un tournant. Le deuxième tour des élections régionales sera décisif et montrera si le Front national réussira à s’emparer d’une ou de plusieurs régions.
Il s’agirait d’un véritable séisme, qui ne doit cependant plus choquer ou surprendre. Depuis de longs mois, l’extrême droite se renforce en réussissant à rassembler derrière elle de nombreux électeurs, grâce à son discours très douteux, mais aussi grâce aux failles des autres partis.
Confronté à ce phénomène, le Premier ministre français, Manuel Valls, est monté une nouvelle fois au créneau, vendredi, avec une retentissante mise en garde, évoquant que le Front national pouvait conduire à la «division» et donc à la «guerre civile» en France. Les mots sont durs et il faut espérer, à quelques heures du scrutin, que ces propos ne vont pas avoir un impact négatif. Si cette escalade verbale illustre la crainte des partis traditionnels, elle comporte aussi le risque d’encourager ceux qui ont décidé de virer à l’extrême droite pour protester contre la politique menée à tour de rôle par la droite et la gauche en France. Dans une démocratie, le fait de vouloir imposer un vote produit souvent l’effet contraire.
En fin de compte, chaque électeur devra prendre ses propres responsabilités au moment d’entrer dans l’isoloir. Il faut espérer que le vote se fera en connaissance de cause. Les enjeux sont en effet trop importants pour un vote sanction aveugle. Les derniers sondages, qui indiquent que le Front national va sortir bredouille du scrutin, ne doivent d’ailleurs pas calmer les trop nombreux Français qui décident, de plus en plus souvent, de s’abstenir. La mobilisation de ceux qui ne se sont pas rendus aux urnes lors du premier tour constituera sans doute une des clés du scrutin de dimanche.
Une chose est d’ores et déjà acquise : ni une «guerre civile» ni l’intention de «pourrir la vie au gouvernement» ne permettra à la France de rebondir. La classe politique doit en avoir conscience et se rapprocher à nouveau des citoyens.
David Marques (dmarques@lequotidien.lu)