Accueil | Editoriaux | Un vendredi noir

Un vendredi noir

Non, nous ne parlons pas du Jeudi noir – appelé Vendredi noir en Europe en raison du décalage horaire – qui fait référence au krach historique du 29 octobre 1929 à la Bourse de New York, à l’origine de la Grande Dépression. On ne fait également pas référence au «Black Friday», cet événement commercial – frôlant la démesure – importé des États-Unis. Ce vendredi, les Luxembourgeois ont afflué par milliers dans les magasins du pays pour faire de bonnes affaires, un petit mois avant Noël. Ils étaient certainement aussi très nombreux à profiter des offres alléchantes sur les portails en ligne, en tête chez Amazon, le géant américain de l’e-commerce.

Les 470 salariés qui risquent d’être licenciés par Amazon Luxembourg ont connu leur propre «Vendredi noir». Un krach personnel, qui risque d’être suivi d’une dépression, avec en perspective un Noël triste, sans cadeaux achetés lors du «Black Friday» et livrés par leur futur ex-employeur. Il s’avère en effet que les responsables d’Amazon sont peu enclins à négocier un plan de maintien dans l’emploi. La réunion de crise convoquée par le ministre du Travail, Georges Mischo, est restée sans résultat palpable. On se dirige ainsi, à moins d’un revirement de situation, vers le licenciement sec de 470 employés, soit 10 % de l’effectif.

Le Premier ministre, Luc Frieden, n’a de cesse de mettre en avant l’assurance obtenue par les patrons d’Amazon de «renforcer» leur hub européen et de rester ainsi «un acteur important au Luxembourg». Il a aussi tenu à relativiser la restructuration : 14 000 emplois sur 1,6 million à travers le monde. Des reconversions et mutations en interne seraient une «option très intéressante» pour Amazon. Ces pistes vont-elles pouvoir se concrétiser au Grand-Duché? Le chef du gouvernement a raison de faire remarquer qu’il ne peut émettre que des recommandations à une entreprise privée. Une entreprise à laquelle on a pourtant déroulé le tapis rouge et qui entretient des relations étroites avec les responsables politiques. Même si Luc Frieden refuse de parler de «camouflet», la dure réalité est que la philosophie américaine du «hire & fire» va prendre le dessus sur une solution «à la luxembourgeoise», pouvant éviter une catastrophe sociale.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD.