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Un tout petit soulagement

En attendant le résultat du référendum constitutionnel en Italie, qui pourrait aboutir à la chute du gouvernement de Matteo Renzi, la victoire du candidat écologiste Alexander Van der Bellen face au candidat de l’extrême droite Norbert Hofer au second tour de l’élection présidentielle autrichienne était accueillie avec soulagement en Europe, hier soir. Même si les prérogatives du président sont limitées en Autriche, l’élection comme chef de l’État d’un candidat issu d’un parti d’extrême droite (en l’occurrence le FPÖ), inédite en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, aurait constitué un nouveau coup de semonce politique après le Brexit au Royaume-Uni et l’élection de Donald Trump aux États-Unis.

Dans le climat politique actuel, cette défaite pourrait presque être qualifiée de surprise tant les partis qualifiés de «populistes» semblent avoir le vent en poupe en Europe. Mais si cette défaite du FPÖ tend à prouver que cette «vague populiste» n’est pas inéluctable, ce qu’il est convenu d’appeler l’establishment politique européen aurait tort de se réjouir trop tôt. Alors que l’Autriche présente une situation économique des plus enviables, les deux partis de gouvernement au pouvoir depuis des décennies (ÖVP et SPÖ) ont été sèchement battus au premier tour de la présidentielle. Ces deux partis ont d’ailleurs très courageusement omis d’appeler à faire barrage à l’extrême droite, peut-être pour ne pas insulter l’avenir, alors que des législatives, pour lesquelles le FPÖ est donné favori, se profilent en 2018.

De surcroît, l’écart de six points entre les deux candidats (53  % contre 47  %), s’il est confortable, ne représente pas un rejet massif du FPÖ, qui a su convaincre près d’un électeur sur deux.

Petite bouffée d’air, donc, soulagement raisonnable, certes, mais pas de quoi se réjouir outre mesure. Le sentiment de rejet que suscitent les partis politiques traditionnels et l’Union européenne est loin de s’être estompé chez les citoyens européens. Les législatives aux Pays-Bas, en France et en Allemagne en 2017 risquent de venir furieusement le rappeler.

Nicolas Klein