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Un Royaume désuni

Le feuilleton du Brexit continue. La Chambre des lords avait donné du fil à retordre à Theresa May mais elle a fini par plier, en échouant de protéger les résidents européens qui craignent pour leur futur. Le boulevard est donc dégagé pour que l’article 50 soit dégainé dans les jours à venir, la Première ministre s’étant donné comme délai la fin du mois. Les partisans du Brexit se frottent les mains, la sortie du Royaume-Uni de l’UE est donc imminente, du moins s’ouvre prochainement des longs mois de négociations qui vont s’avérer probablement douloureux pour tout le monde.

Le seul léger problème, c’est que l’Écossaise Nicola Sturgeon ne l’entend pas de cette oreille. La Première ministre écossaise veut respecter le souhait des Écossais de rester dans l’UE, même si cela veut dire quitter le Royaume. Évidemment, c’est une occasion rêvée pour les indépendantistes écossais de tenter une deuxième fois de prendre leur indépendance. Du côté de Westminster, les arguments pour garder l’Écosse sont les mêmes que ceux défendant le «remain» pendant la campagne du Brexit, une ironie de l’histoire sans doute. Il faudrait cependant que Nicola Sturgeon arrive à ficeler un plan en béton armé pour convaincre qu’une Écosse indépendante resterait au sein de l’UE. Et de ce côté, rien n’est moins sûr.

Le Royaume-Uni est plus fragilisé que jamais. Alors que l’Écosse a annoncé un référendum dès fin 2018, en Irlande du Nord les nationalistes du Sinn Féin ont remporté les dernières élections et le spectre d’une Irlande réunifiée plane déjà. L’accord de paix du Vendredi saint de 1998 stipule que si les conditions sont favorables à un référendum, le peuple pourrait s’exprimer à l’idée de la réunification de l’Irlande. Les unionistes sautent déjà au plafond. Mais le Sinn Féin aurait tort de balancer un référendum sans plan précis. Les Nord-Irlandais ont voté pour rester dans l’UE et ne veulent certainement pas voir le retour d’une frontière. Mais il leur faudra un peu plus que ça pour quitter le giron britannique et perdre la manne d’argent public dont la région est largement dépendante.

Audrey Somnard