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Un royaume de femmes

Theresa May va devenir la deuxième femme Premier ministre du Royaume-Uni. Après la débandade de Boris Johnson, les Tories ne se pressaient pas au portillon pour récupérer un pays divisé face au Brexit à venir. Qui allait être assez fou pour presser le bouton et commencer de difficiles négociations avec l’Union européenne? Theresa May s’est portée candidate pour aller au charbon et faire le sale boulot que David Cameron et consorts n’ont pas su assumer. Avant d’arriver au 10 Downing Street, Theresa May a dû faire face à un coup bas venant… d’une autre femme. Sa principale concurrente, Andrea Leadsom, n’a rien trouvé de mieux à dire qu’elle saurait mieux gouverner le pays «étant mère de famille». Theresa May n’a pas pu avoir d’enfants. Outre qu’il s’agit là d’une attaque personnelle plus que déplacée, le fait d’être plus à même de s’intéresser à l’avenir de son pays parce qu’on a enfanté laisse plus que dubitatif.

Les comparaisons avec Margaret Thatcher vont bon train. Bien sûr  : elle a été la seule femme à occuper le poste auparavant. Ce n’est pas parce qu’elles font toutes les deux partie de la même famille politique que l’on peut chercher des ressemblances entre elles. En attendant, le Royaume va donc voir à sa tête un trio de femmes. Theresa May à Londres, Nicola Sturgeon à Édimbourg et Arlene Foster à Belfast. Sans compter la reine Elizabeth qui veille au grain. Ce portrait de famille présente un caractère sans doute historique, au diapason de la situation inédite que vit le pays.

Une étude britannique a montré que dans les sphères du pouvoir les femmes étaient plus à même de relever des défis ardus. On les laisse essayer là où les hommes ont échoué en somme, quand il n’y a plus rien à perdre. À situation désespérée, une femme pour tenter de trouver des solutions? Rien ne dit que Theresa May fera des miracles parce qu’elle est une femme. Alors qu’elle est déjà jugée pour autre chose que ses compétences en politique –  les tabloïds se sont régalés en commentant ses chaussures  –, c’est une montagne de problèmes qui attend le leader du parti conservateur. Elle est attendue au tournant, et on ne lui fera pas de cadeau.

Audrey Somnard