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Un rappel à l’ordre ?

«Je promets de rester neutre sur le plan politique et de défendre sans relâche nos principes démocratiques fondamentaux.» Lors de son discours du trône, le Grand-Duc Guillaume a voulu rassurer tout le monde : il compte pleinement respecter les attributions que lui réserve la Constitution révisée en profondeur, dans la foulée du refus par son père, le Grand-Duc Henri, de signer, fin 2008, la loi sur l’euthanasie. Le nouveau souverain arrive, en effet, à la tête du pays à un moment où la Chambre s’apprête à ancrer dans la Constitution la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Interrogé par nos confrères du Tageblatt sur ce sujet sensible d’un point de vue éthique, il a sagement botté en touche : «C’est précisément sur cette question que la neutralité politique que j’ai déjà mentionnée entre en jeu. Bien sûr, j’ai reçu une éducation catholique. Mais il faut ici faire la distinction entre la vie privée et le rôle de chef de l’État et de Grand-Duc, qui doit respecter cette neutralité politique de manière cohérente.»

La réserve qu’il doit s’imposer n’a cependant pas empêché le nouveau souverain de poser des premiers accents, ou du moins de faire passer, entre les lignes, des messages aux décideurs politiques – dans un contexte où de nombreux défis se posent au Luxembourg. Le Grand-Duc a listé «des tensions géopolitiques croissantes, une économie mondiale redevenue imprévisible, une spirale de désinformation qui menace nos démocraties et les effets du changement climatique toujours plus tangibles». Il n’a pas oublié de déplorer le fait que «la guerre comme la pauvreté demeurent, hélas, des constantes tragiques».

Pour faire face à ces enjeux de taille, le chef de l’État souligne l’importance de la «stabilité sociale», qui «demeure un atout majeur, tant pour notre société que pour notre économie». Des «investissements innovants» – notamment dans la place financière et les nouvelles technologies – permettront de «façonner notre avenir, soutenir une économie forte et durable et préserver notre modèle social». Ces mots du Grand-Duc Guillaume sont prononcés dans un contexte social plutôt délétère. S’agit-il d’un rappel à l’ordre suffisant pour relancer le dialogue tripartite?