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Un progressisme thatchérien

À trois mois des élections européennes, une lecture simpliste du scrutin voudrait y voir un combat entre les «gentils progressistes» et les «méchants nationalistes», une vision largement initiée par Emmanuel Macron. Prenons le temps de voir comment se traduit concrètement le «progressisme» dont se revendique le président français.

Sur la question migratoire, une loi «asile-immigration» que ne renieraient pas Marine Le Pen et Matteo Salvini, qui criminalise un peu plus les migrants et qui, selon l’Unicef, est un «recul historique» pour les droits des enfants. Le refus de voir le bateau Aquarius de l’ONG SOS Méditerranée accoster en France. Sans oublier, lors du tout premier discours d’Emmanuel Macron sur la crise des «gilets jaunes», le 10décembre, une allusion nauséabonde et totalement hors sujet à l’immigration comme menace pour l’identité nationale française.

Une loi sur les «fake news» qui revient à faire de l’État le garant de la vérité et qui, selon des syndicats de journalistes, est une menace potentielle contre la liberté d’expression.

Une loi sur «l’école de la confiance», qui fait passer l’âge de la scolarité obligatoire de 6 à 3ans: un magnifique cadeau aux écoles privées. Avec, cerise sur le gâteau, un amendement qui prévoit la présence du drapeau français et des paroles de La Marseillaise dans les salles de classe. Un enjeu évidemment essentiel pour l’un des systèmes scolaires les plus inégalitaires des 36pays membres de l’OCDE.

Une loi en cours de vote dite «anticasseurs» qui porte atteinte à la liberté de manifester, etc., etc.

Donc, le progressisme de celui qui se veut un rempart contre la «lèpre nationaliste» en Europe consiste en un recul des libertés publiques et individuelles, une dérive très droitière sur l’immigration, une politique économique en faveur des plus aisés (suppression de l’impôt sur la fortune, instauration d’une «flat tax» à taux unique de 30% sur les produits financiers en lieu et place d’un impôt progressif), un mépris affiché pour les classes populaires (ces «gens qui ne sont rien»). Le progressisme en Europe serait-il mort pour qu’il prenne comme tête de gondole une Margaret Thatcher du XXIe siècle?

Nicolas Klein

Un commentaire

  1. «Gentils progressistes» et «méchants nationalistes»: – Quelle Europe voulez-vous? Quelle démocratie? Une élection tous les 5 ans vous suffit, ou voulez-vous tout simplement avoir le droit de vote sur toutes les questions importantes concernant l’Europe? Votez sur http://www.our-new-europe.eu