Donald Trump, le président élu des États-Unis, aura su comme aucun candidat avant lui se servir, durant sa campagne, d’assertions dénuées de fondement pour discréditer ses adversaires. Directement reprises de sites obscurs et largement relayées sur internet, ces fausses nouvelles (fake news en anglais), véritable phénomène, ont depuis donné lieu à un vrai débat aux États-Unis, tellement la victoire de Trump a été vécue comme un choc par une partie de la société civile et des médias, ébranlés dans leur crédibilité.
Les arguments avancés pour expliquer le phénomène des fausses nouvelles vont du mea-culpa de certains médias libéraux, reconnaissant s’être détournés et depuis trop longtemps des laissés-pour-compte (favorisant le désintérêt pour les médias traditionnels et l’érosion des valeurs qu’ils représentent), aux soupçons de l’implication d’un pouvoir étranger (autrement dit russe) dans l’orchestration des contenus qui apparaissent sous les yeux des internautes.
Or quiconque s’intéresse un tant soit peu de près aux dynamiques qui naissent sur internet doit constater que leur origine est d’abord technique. Une plateforme comme Facebook, très utilisée au Luxembourg, continue ainsi de générer des contenus d’après des algorithmes personnels, autrement dit d’après votre moteur de recherche. Par conséquent, Facebook s’adapte à votre goût ou mauvais goût au lieu de contribuer activement à identifier les contenus qui enflamment la toile.
Lundi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a lancé un appel à Facebook et Google pour agir contre les fausses nouvelles, invoquant des amendes au cas où ils renonceraient à le faire. Car le potentiel déstabilisateur des rumeurs et fausses nouvelles se fait également sentir en Europe. Reste que la plupart des sites de désinformation opèrent depuis l’étranger, même si les contenus ne s’arrêtent pas aux frontières. D’une certaine manière, le Luxembourg dépend donc aussi du bon vouloir de ses voisins et de leur volonté de légiférer en la matière.
Frédéric Braun