L’image était belle, mais elle restera éphémère. Les deux Corées ont défilé ensemble lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Pyeongchang, dimanche.
Comme pour l’ouverture de la compétition sportive, les athlètes ont agité les drapeaux de Corée du Sud et de Corée du Nord ainsi que celui de l’unification coréenne présentant sur un fond blanc la péninsule teintée d’un joli bleu clair.
Équipe mixte en hockey féminin, visite de la sœur du dictateur nord-coréen lors des compétitions… Les Jeux olympiques d’hiver ont été l’occasion d’un rapprochement entre les deux Corées, toujours ennemies et en état de guerre depuis 1953.
Mais il est fort à parier que cette trêve olympique savamment orchestrée ne durera pas. En effet, il y a eu des précédents : lors des Jeux d’été de 2000 et de 2004 ainsi que lors des Jeux d’hiver de 2006, les athlètes des deux Corées avaient également défilé ensemble, jouant la carte de l’amour confraternel enfin retrouvé pour les caméras…
Cela n’a pas vraiment permis de faire baisser les tensions autour du 38e parallèle nord. Après ces initiatives pour faire croire à la paix et au vivre ensemble, le manège des provocations s’était poursuivi. Alors que les Jeux de Pyeongchang viennent de se terminer, attention à la sensation de déjà-vu…
Mais il y a plus inquiétant encore : l’accueil par les Sud-Coréens de ce rapprochement avec le Nord lors de ces Jeux. Il y a plus de dix ans, la population avait applaudi l’idée de défiler avec les «frères» et «sœurs» du Nord. Lors de ces JO-2018, la réception de cette initiative a été beaucoup plus froide.
Auparavant, les Sud-Coréens pouvaient encore s’identifier à leurs voisins du Nord, un même peuple séparé par deux idéologies. En effet, bien souvent, des familles entières avaient été déchirées lors de la séparation du pays.
Beaucoup d’habitants du Sud gardaient un lien affectif avec leurs proches (frères, sœurs…) restés au Nord. Aujourd’hui, ces «anciens» disparaissent les uns après les autres et les liens entre les nouvelles générations de Corée du Nord et de Corée du Sud n’existent pratiquement plus.
Ce sont pourtant ces liens qui ont freiné bien des escalades guerrières. Qu’en sera-t-il dans quelques années?
Laurent Duraisin