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Un peu de retenue

L’organisation de jeunesse politique Jonk Lénk a estimé «intelligent», à l’occasion de la récente célébration de la fête nationale, d’insulter et de dénigrer le chef de l’État et le pays.

Pour rappel, cette organisation de jeunes a posté, la semaine dernière, sur un réseau social, des insultes sans équivoque, parmi lesquelles «Féck de Grand-Duc! Féck Lëtzebuerg!», traduisibles en «Allez vous faire foutre le Grand-Duc! Allez vous faire foutre le Luxembourg!».

Certes, la liberté d’expression est une liberté fondamentale, mais l’appel à la haine, de surcroît via les réseaux sociaux, est un acte répréhensible par la loi, mais aussi un acte particulièrement lâche. Le parti déi Lénk a d’emblée tenté d’éteindre l’incendie polémique en expliquant que sa sous-organisation de jeunesse «officielle» se dénommait «déi Lénk Jeunes» – et non «Jonk Lénk» – et a assuré que les deux organisations n’avaient aucune structure commune… même si elles entretiennent des contacts entre elles, a concédé le député déi Lénk Marc Baum. Ce même parlementaire a, par ailleurs, indiqué que ces propos injurieux étaient à mettre sur le compte de la jeunesse et du «droit de rébellion».

Quoi qu’il en soit, la liberté d’expression a des limites et le fait de s’attaquer si radicalement et puérilement à notre monarchie est choquant. Cet épisode polémique en rappelle un autre : l’ «affaire Joe Thein», qui avait vu cet ancien membre de l’ADR approuver, toujours sur le même réseau social, une menace de mort visant le ministre des Affaires étrangères, Jean Asselborn.

Dans un cadre plus général se pose une nouvelle fois la question épineuse d’une sorte de blanc-seing sur les réseaux sociaux, où tout commentaire serait permis. Mais ce n’est pas le cas, car la justice veille au grain et les procès relatifs à des appels à la haine ou à la violence sur le net se multiplient depuis des mois.

Bref, si l’on est tout à fait en droit de s’opposer à la monarchie et à un régime monarchique parlementaire, il y a certaines limites à ne pas dépasser. Car, sinon, ce serait la porte ouverte à une généralisation des appels à la haine. Et cela, ni la famille grand-ducale ni l’État ne le méritent.

Claude Damiani