Une tuerie de masse a eu lieu dans la nuit de mercredi à hier en Californie. Une de plus pour les États-Unis. Une nouvelle fois, les images de victimes terrorisées, de familles inquiètes et de policiers démunis surveillant les lieux du carnage ont tourné en boucle sur les chaînes de télévision américaines mais aussi à l’étranger. Ce drame qui a fait douze morts ne sera pas le dernier. Le temps du deuil ne sera pas encore terminé dans la petite ville de Thousand Oaks qu’un nouveau massacre aura lieu. C’est certain. Encore une fois, une arme à feu sera utilisée, encore une fois, des voix s’élèveront pour demander l’interdiction de certaines d’entre elles ressemblant plus à des armes de guerre qu’à des fusils pour tuer le daim, et encore une fois rien ne sera fait pour modifier la réglementation.
Les armes sont un tabou ultime de l’autre côté de l’océan Atlantique. On n’y touche pas… ou plutôt si, on a le droit de les toucher justement et de posséder un véritable arsenal chez soi. L’âme du deuxième amendement dans toute sa splendeur, qui a été rédigé alors que les tout nouveaux Américains, à la fin du XVIIIe siècle, s’inquiétaient de voir ressurgir devant eux un tyran du même niveau que le roi d’Angleterre. Impossible donc d’abandonner ces précieuses armes qui ont permis d’accéder à l’indépendance et qui protègent la démocratie. Après s’être débarrassé de la menace anglaise au début du XIXe siècle, il a fallu conquérir les terres lointaines de l’Ouest occupées par les «autochtones» peu décidés à laisser leurs territoires aux visages pâles. Il a fallu ensuite agrandir son territoire face aux Mexicains, protéger son pré carré régional face aux Espagnols. Quels ennemis combattre dorénavant sur son territoire en ce début de XXIe siècle? De nombreux Américains ont la réponse pour garder leur arsenal à la maison : terroristes menaçants, possibilité d’une guerre ethnique, pouvoir de Washington considéré comme tyrannique, «reconquista» hispanique du territoire américain, effondrement du système financier. L’ennemi semble partout, encore et toujours… tout comme les armes.
Laurent Duraisin