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Un passage en force ?

Lors d’une longue interview diffusée le jour de l’An sur RTL, le Premier ministre, Luc Frieden, a fait remarquer que le camp syndical ne devrait pas être trop surpris par les récentes initiatives prises en matière de droit du travail. Le programme gouvernemental prévoit, en effet, une révision du cadre légal régissant les conventions collectives et la représentation du personnel.

Un des objectifs serait «de faciliter les accords entre employeurs et salariés, tout en garantissant que ces discussions se déroulent sur un pied d’égalité». En parallèle, l’exécutif conservateur-libéral s’était engagé à adapter les heures d’ouverture du commerce de détail «en concertation avec les partenaires sociaux». «Le but est de répondre aux besoins tant des salariés que des commerçants», ajoute l’accord signé par le CSV et le DP.

Ces formulations très vagues se sont concrétisées à l’automne dernier. Si les syndicats gardent le droit exclusif de négocier des conventions collectives, il se confirme que l’intention du gouvernement est de sortir de ce cadre certains éléments, dont l’organisation du temps de travail. «Dans différentes entreprises et différents secteurs, il serait peut-être mieux de mener directement des discussions entre patrons et délégations», avance le Premier ministre.

Il défend aussi le choix de libéraliser partiellement les heures d’ouverture du commerce. Les nombreuses dérogations déjà accordées justifieraient de définir un nouveau cadre légal, sans toutefois généraliser des ouvertures 24 h/24, comme le réclament des représentants du patronat.

Pour désamorcer la situation très tendue, Luc Frieden s’engage une nouvelle fois à échanger avec le camp syndical. Il souhaite que le duo OGBL-LCGB ne se montre pas «trop idéologique» et accepte de discuter «sur le fond». «Le dialogue social m’importe, mais cela ne veut pas dire que l’on doive être d’accord sur tout. Le statu quo n’est pas une option», ajoute le Premier ministre.

La même remarque vaudrait pour le camp patronal, qui, contrairement aux représentants du personnel, est toutefois satisfait de la tournure des évènements. Le ton est donné. Deux options se profilent désormais à l’horizon : un consensus à la luxembourgeoise ou un passage en force du gouvernement.