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Un monde redessiné

Le président russe, Vladimir Poutine, a avancé hier soir un nouveau pion dans la partie d’échecs qu’il joue contre l’Europe et les États-Unis. Un mouvement qui a une nouvelle fois tétanisé les capitales occidentales. Des capitales qui tentent d’éviter une invasion de l’Ukraine, d’éviter la guerre. Mais, pour le maître du Kremlin, la raison du plus fort est toujours la meilleure. Imaginons un instant que l’Ukraine tombe aux mains des forces russes. Au-delà du bilan humain qui risque d’être effroyable, pour les Russes ou les Ukrainiens, quelle sera la prochaine étape de Vladimir Poutine, lui qui veut redessiner la carte des frontières autour de son pays? Quelle sera la prochaine cible?

Le pouvoir russe grignote depuis plus d’une décennie les territoires qui se trouvent autour de lui, ne faisant apparemment pas le deuil de l’effondrement de l’Union soviétique et de sa toute-puissance. Une partie de la Géorgie, une partie de l’Ukraine (en attendant la totalité du pays), des ex-républiques soviétiques bien tenues par des autocrates proches de Moscou… c’est une machine à remonter le temps qui semble s’être enclenchée. Jusqu’où Vladimir Poutine va s’engager, car après l’Ukraine, c’est nous, Européens, qui nous trouverons sur sa route avec la Pologne, les pays baltes, la Slovaquie, la Roumanie, la Hongrie. Quel mouvement pourra bien faire le Kremlin une fois le plan ukrainien accompli. Va-t-on devoir redessiner une fois de plus la carte européenne au bon vouloir de Vladimir Poutine sans réagir?

Et il n’y a pas que dans l’est de l’Europe que certains dirigeants veulent redessiner les frontières sur les cartes en faisant fi des populations. La Chine a des appétits grandissants en Asie. Pékin redéfinit également ses frontières dans la mer de Chine, intimide ses voisins, montre ses muscles pour posséder ce nouveau territoire. Et que dire de Taïwan toujours menacé d’une invasion? Poutine et le président chinois, Xi Jinping, s’entendent très bien, paraît-il. Ce n’est pas surprenant, ils ont la même vision du monde. Comment stopper leur appétit? Les armes diplomatiques ou économiques semblent peu efficaces. Nous connaissons les autres. Le monde semble tranquillement se rapprocher de l’abîme.