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Un monde les sépare

Le Premier ministre a raté son examen de rattrapage, jeudi à la Chambre. Invité à répliquer aux critiques très virulentes émanant des bancs de l’opposition, le chef de file du DP s’est cantonné à son bilan comptable pour défendre l’action de son gouvernement.

Xavier Bettel se vante pourtant d’être proche des gens. Son parti va d’ailleurs tout miser sur son Premier ministre pour espérer rester au pouvoir après le scrutin national du mois d’octobre. Mais en fin de compte, le volet social est bien resté l’enfant pauvre de cette déclaration sur l’état de la Nation. Pire encore : les argumentations du ministre libéral des Finances et du président de la fraction du DP concernant le risque de pauvreté, qui selon eux serait à relativiser fortement, ont été indignes. Les chiffres objectifs présentés ces derniers mois par le camp syndical démontrent en effet que les prestations en nature introduites par la ministre libérale de la Famille ne suffisent pas à compenser la perte financière provoquée par d’autres réformes dans le domaine des prestations familiales.

Jeudi soir, le président de l’OGBL, André Roeltgen, a rappelé ce constat tout en dénonçant l’immobilisme du gouvernement dans la question de l’adaptation périodique des allocations familiales à l’évolution du salaire médian.

Militant pour les familles et les enfants, le DP ne sort donc pas renforcé de cette semaine de débats. Le parti, réputé pour défendre les intérêts des personnes les mieux loties du pays, a raté une occasion de donner plus de crédibilité à son nouveau profil de parti luttant pour le bien des familles. Certaines déclarations formulées cette semaine démontrent qu’un monde sépare encore les ténors du parti de la réalité du terrain.

Cela est tout bénéfice pour un LSAP qui peine lui aussi à retrouver sa veine sociale. Le Parti chrétien-social, quant à lui, n’attend que de sauter sur cette occasion, même s’il semble toujours hésiter entre le besoin de réduire les dépenses de l’État et celui de revoir à la hausse certains investissements. Mais comme l’a dit jeudi soir André Roeltgen : il reste encore du temps pour rectifier le tir. Au travail.

David Marques