Le célèbre magazine National Geographic qui se cantonne normalement à la thématique des voyages et des grands espaces a choisi de faire pour la première fois de son histoire sa couverture sur Avery Jackson, une jeune transgenre de 9 ans. Contrairement à beaucoup de cas où la famille n’accepte pas la situation et conduit parfois à des suicides de jeunes, le père d’Avery a décidé de soutenir sa fille en déclarant : «Ma femme et moi avons décidé que nous préférions avoir une fille heureuse et en bonne santé qu’un fils mort.» Ce numéro de janvier du National Geographic contient également un article sur l’influence néfaste des jouets genrés sur les enfants.
À quelques jours de Noël, les magasins de jouets se sont livré une guerre sans merci, et à part une petite section consacrée aux jeux de société qui sont globalement accessibles à toute la famille, tout le reste est bien scindé dans un monde binaire. Tout est rose ou bleu, garçon ou fille, il faut bien choisir son camp car aucune erreur n’est possible. Le blogueur Guillaume Champeau a écrit la note intitulée «Voyage au pays des sexistes et homophobes» où il explique que son fils de 4 ans n’osait pas demander une poupée pour Noël, ce dernier ayant déjà intégré que les poupées bien estampillées rose, sont uniquement destinées aux filles. Le papa s’en est ému sur les réseaux sociaux, et une vague d’insultes sexistes s’est abattue sur lui.
Eh oui, un petit garçon qui joue avec une poupée c’est la menace sur sa virilité, voire pire, il pourrait même devenir homosexuel, quelle horreur! Les propos sont d’un autre âge, et pourtant. La division genrée dans les magasins et les catalogues de jouets ont de beaux jours devant eux, si l’on continue de croire qu’il faut dès l’enfance s’en tenir à ce que l’on pense de la «féminité» et de la «virilité». Mettre tout le monde dans des petites cases, et très vite, dès l’enfance, pour que chacun reste à sa place. Le National Geographic a démontré que les choses étaient un peu plus compliquées que ça. Et ce n’est pas la poupée du fils de Guillaume Champeau qui devrait le troubler dans son identité.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)