Existe-t-il aussi un délai de carence de 100 jours pour un nouveau Grand-Duc, afin de lui permettre de prendre ses marques et lancer son règne en toute sérénité? Guillaume, monté sur le trône le 3 octobre dernier, s’approche tout doucement de ce cap symbolique, qui sera atteint le 11 janvier. Mais, lors de ses 85 premiers jours, le successeur du Grand-Duc Henri a déjà vécu plusieurs moments forts et aussi un rebondissement politique majeur. Le 11 décembre, le ministre Georges Mischo lui a présenté sa démission. Son successeur au Travail, Marc Spautz, a prêté serment dans la foulée. En soi, une simple formalité, mais ce remaniement gouvernemental, le premier du règne de Guillaume, témoigne des tensions politiques et sociales qui auront marqué cette année 2025.

Le nouveau Grand-Duc a très clairement souligné au moment de prendre ses fonctions que sa «mission centrale est de préserver la neutralité politique». Ni dans son discours du trône ni dans son premier discours de Noël, il n’a transgressé cette limite. Mais, à l’image de son père, le Grand-Duc Guillaume a usé de sa marge de manœuvre pour faire passer, du moins en filigrane, certains messages. Pour ce qui est de la forme, avec le choix d’articuler, de manière un peu forcée, son discours autour des symboles de Noël, on repassera. Mais sur le fond, le souverain a appelé à deux reprises au dialogue, tout en listant les maux à combattre en restant solidaires. «Si nous cherchons le dialogue plutôt que le conflit et la division, nous vivrons alors plus harmonieusement en société», le tout en faisant preuve de «patience, (de) respect et (de) la volonté de bâtir des ponts». La pauvreté est une autre préoccupation majeure, une réalité qui touche surtout les familles monoparentales et les jeunes en début de carrière professionnelle. «Notre engagement commun doit viser à construire une société où chaque famille peut ouvrir des cadeaux de dignité et d’égalité des chances», clame le souverain.

Le Grand-Duc Guillaume s’exprimera à nouveau le 23 juin, jour de fête nationale. Reste à savoir si ses messages auront été entendus d’ici là : la relance du dialogue social se concrétisera-t-elle et les premiers effets du plan national de lutte contre la pauvreté commenceront-ils à se faire sentir?