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Un mauvais débat

La crise du coronavirus n’est pas encore terminée que déjà certains expriment, dans de nombreux médias européens, leurs doutes concernant les mesures de confinement maintenant levées progressivement. N’est-on pas allé trop loin ? Est-ce que toutes ces mesures décidées presque du jour au lendemain n’étaient pas excessives face à cette pandémie ? Évidemment, ces voix sont loin d’être majoritaires pour l’instant, mais elles montrent que, décidément, certains ont la mémoire bien courte.
Ce débat, n’en doutons pas, va se poursuivre ces prochaines semaines et même prendre de l’ampleur chez nous aussi. C’est toujours comme ça. Une fois que la tempête est passée, il y a toujours ceux qui expliquent que finalement ce n’était pas si grave que cela et que tout le monde a surréagi face au danger. Tête reposée, deux mois et demi après le début de la pandémie et alors que les contaminations baissent fortement, il est certain que c’est beaucoup plus simple de proposer son aide, de mettre en avant son expertise… et d’expliquer ce qui aurait dû être fait.

La critique est un des moteurs de nos sociétés démocratiques, encore faut-il qu’elle soit constructive et qu’elle ait lieu au moment opportun. Peut-être que ceux qui donnent aujourd’hui leur point de vue sur le confinement pourraient donner, dès maintenant, leur avis sur les mesures à prendre pour que les habitants apprennent à vivre avec le coronavirus. Savent-ils quoi faire ? Prendront-ils la responsabilité de mettre en œuvre leurs idées immédiatement ? Non, ne rêvons pas : il est trop tôt et ils attendront encore quelques mois pour distribuer à nouveau les bons et mauvais points, une fois la délicate période passée.
Le temps de l’analyse des décisions prises lors de la pandémie viendra. Mais elle devra se faire sans passion et sans récupération. Nos sociétés doivent aujourd’hui intégrer le risque pandémique dans leur fonctionnement et cela nécessite des discussions apaisées sans tapages ni fanfaronnades médiatiques.

Laurent Duraisin