On ne va pas s’en cacher, le Luxembourg a quelques défauts. Mais s’il y a bien un sujet dont le pays peut se vanter avec fierté, c’est d’appartenir au petit club des 22 pays autorisant les couples du mêmes sexe à se marier, dont seulement 11 sont européens. Depuis le 1er janvier 2015, les personnes de même sexe peuvent se marier librement au Luxembourg, ce qui constitue une réelle avancée, un preuve d’ouverture d’esprit.
Mais depuis, un étrange phénomène semble frapper un peu plus de 4 500 personnes vivant au Grand-Duché. En effet, une poignée de résidents ont subitement pris conscience, au nom des «droits de l’homme», de «l’intérêt de l’enfant» et de la question de la «filiation» des enfants dans le cas où un couple marié du même sexe souhaiterait avoir des enfants. D’ailleurs, cette poignée de résidents ont formalisé leurs soudaines inquiétudes pour la condition enfantine dans la pétition n° 343 demandant «l’abandon du mariage homosexuel dans l’intérêt de l’enfant», qui sera examinée par la Chambre des députés dans les jours à venir.
Ces 4 500 personnes soutiennent qu’en permettant ce mariage, et donc l’adoption plénière et la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples homosexuels, que cela va créer une enfance sans père ou sans mère. Ces 4 500 personnes ont donc une bien basse opinion de leurs parents pour croire que la définition d’un père ou d’une mère se résume aux liens biologiques ou à la nature de leur genre. Mais admettons, puisqu’il est coutume de dire que l’on ne choisit pas ses parents. Par contre, ce qui est surprenant, c’est cet engouement pour le droit de filiation d’un enfant, un engouement qui, il y a encore quelques années n’était mentionné que très brièvement lors des cours de droit dans des facultés formant les futurs avocats et encore.
Admettons, encore une fois, que des textes de loi pas vraiment écrits pour se lire comme le dernier Musso peuvent intéresser quelques personnes. Mais il serait peut-être intéressant de se pencher sur les réelles intentions de ce groupe de personnes qui, je pense, devrait s’intéresser au texte de la déclaration universelle des droits de l’homme afin de la comprendre avant de celui de la filiation.
Jeremy Zabatta (jzabatta@lequotidien.lu)