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Un formateur à Bruxelles

Un formateur au Conseil européen. Une fois n’est pas coutume, Xavier Bettel est arrivé mercredi à Bruxelles dans le costume de «formateur» du futur gouvernement, avec un mandat en poche, conféré par le Grand-Duc, afin qu’il expédie les affaires courantes.

Si le Conseil européen de cette fin de semaine a débuté hier au sujet des négociations relatives au Brexit, aujourd’hui, les chefs d’État et de gouvernement (ainsi que… le formateur de gouvernement luxembourgeois) des États membres débattront de la question ultrasensible et d’apparence inextricable des migrations. Bien qu’un tel dossier ne puisse concorder avec l’expression «expédier les affaires courantes», tant le sujet est délicat, Xavier Bettel, pro-européen archi-convaincu apportera certainement sa pierre à l’édifice des discussions, dans un rôle de médiateur que le Luxembourg a joué depuis toujours au niveau des instances européennes, et également parce qu’il a finalement été l’un de seuls à parler d’Europe en profondeur au cours de la campagne électorale écoulée, qui s’est, de manière générale, largement focalisée sur la politique intérieure.

Car les Européennes approchent et les résultats du scrutin national de dimanche auront forcément une influence sur les orientations que prendra le Conseil européen, ainsi que les autres institutions européennes, dont la Commission et le Parlement, au cours de législature européenne 2019-2024. Dans ce cadre, Xavier Bettel martèlera à Bruxelles qu’il faut absolument distinguer migrants économiques et réfugiés politiques, car, selon ses vision et rhétorique, les premiers veulent «mieux vivre», tandis que les autres veulent juste «survivre».

«Or si le message du continent européen est de dire que quelqu’un qui veut survivre n’a pas sa place en Europe, cela est contraire à nos valeurs», soulignait récemment Xavier Bettel au Quotidien. En ce sens, le formateur évoquera probablement, à nouveau, la nécessité de la mise en place d’un mécanisme de répartition qui fonctionne de listes de pays (dits) sûrs et de retours relatifs aux migrants qui n’ont pas de droits dans leurs pays d’origine. Car pour le formateur, «Schengen risque d’être remis en question si toutes ces conditions ne sont pas réunies», dixit celui qui tiendra la même position en sa future qualité de Premier ministre, assermenté et reconduit officiellement.

Claude Damiani