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Un enjeu existentiel

« La croissance ne peut pas se faire aux dépens de la nature. » Cette phrase prononcée vendredi par Roby Biwer, le président de l’ASBL natur&ëmwelt, résume assez bien l’équation à laquelle les responsables politiques doivent trouver une solution adéquate. Dans un pays riche comme le Luxembourg, qui connaît certes des problèmes sociaux, le changement de mentalité nécessaire sera néanmoins compliqué à mettre en place. Sur les routes, les limousines, berlines et 4×4 ne cessent de s’aligner. Les voitures sont mêmes sorties du garage pour effectuer souvent des distances de quelques centaines de mètres à peine.

Le défi majeur qui se posera au prochain gouvernement – peu importe sa composition – sera donc de mettre en place une politique d’aménagement du territoire cohérente. Tous les scénarios établis par le passé ont rapidement été dépassés par la réalité. Et cette réalité consiste dans l’arrivée de 10 000 nouveaux habitants par an. S’y ajoute sur une seule année la création de 14 000 nouveaux emplois.

En début d’année, le Grand-Duché a dépassé le cap des 600 000 habitants. On se rapproche donc à grands pas du scénario d’un État à 700 000 habitants, qui il y a 15 ou 20 ans était encore qualifié de farfelu. Le manque d’anticipation du camp politique pour préparer le pays à cette poussée démographique et économique réside certainement aussi dans cette réaction attentiste.

Aujourd’hui, «la course poursuite à l’aide d’une pelleteuse» (François Bausch) est engagée et elle n’est pas près de s’arrêter. Désormais, tous les responsables politiques semblent être conscients de cet enjeu existentiel, même si pas mal de réticences existent encore, notamment dans le domaine de l’expropriation, afin d’avancer plus rapidement sur des projets de logement ou d’infrastructures. La mentalité Nimby («not in my backyard», «pas dans mon arrière-cour») reste elle aussi trop fortement ancrée.

Temporiser n’est cependant plus une solution viable. La mise en œuvre d’un concept cohérent, s’appuyant sur un équilibre sain entre écologie et économie, est une nécessité absolue.

David Marques