Accueil | Editoriaux | Un divorce retentissant

Un divorce retentissant

Récapitulons. Au lieu de devoir travailler jusqu’à cinq ans de plus avant de partir à la retraite, il faudra «seulement» cotiser huit mois supplémentaires. Le réajustement et l’allocation de fin d’année sont aussi maintenus. L’augmentation du taux de cotisation à 8,5 % permet de stabiliser le régime des pensions au mieux jusqu’en 2030. Le paquet ficelé par le gouvernement comprend plusieurs revendications du camp syndical. OGBL et LCGB ont aussi obtenu gain de cause sur le maintien de leur droit exclusif de négocier et signer des conventions collectives. Un acquis majeur des récentes réunions sociales. L’augmentation du travail du dimanche de 4 à 8 heures passera obligatoirement par une telle convention, du moins pour les commerces de plus de 30 salariés. La prolongation des heures d’ouverture sera aussi limitée à 21 h. Toute dérogation devra faire l’objet d’un accord collectif.

Pourtant, le camp syndical parle d’un échec. Si la casse a pu être limitée, ce serait uniquement grâce à la mobilisation massive de l’Union OGBL-LCGB et aux 25 000 personnes qui ont défilé le 28 juin dans les rues de la capitale. Le gouvernement aurait bien rétropédalé, mais aurait refusé toute négociation qui aurait permis de sécuriser à plus long terme le financement des retraites ou améliorer les conditions de travail. La décision unilatérale du Premier ministre de mettre fin aux tractations signe, pour les syndicats, l’arrêt de mort du modèle social luxembourgeois. Il n’existerait plus de volonté de chercher des compromis et de sceller des accords.

Par conséquent, OGBL et LCGB ont décidé de rompre avec le gouvernement. Fin du dialogue tripartite, place à de simples réunions de consultation bilatérales, sans des négociations que refuseraient de toute façon les ministres de tutelle. Même si les deux syndicats comptent poursuivre leur engagement dans d’autres formats tripartites – notamment pour l’assurance maladie – la situation est inquiétante. Qui sortira gagnant de ce nouveau bras de fer? Miser sur la confrontation a permis à l’Union des syndicats de remporter le premier tour. Le gouvernement va-t-il miser sur la même tactique? Il n’est pas vraiment dans l’intérêt du pays que le conflit social perdure et s’aggrave jusqu’aux élections de 2028.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .