La gauche dans son ensemble est devenue le nouveau bouc émissaire des politiciens et sympathisants de l’extrême droite. Que ce soient les sociaux-démocrates, les gauchistes ou les écologistes, tous seraient coupables pour ce qu’ils qualifient d’immigration incontrôlée, de dégradation de la sécurité intérieure, de perte de l’identité nationale ou encore de détérioration de la situation économique et sociale. Une vague de haine touche ces partis. Et la stratégie fonctionne, comme le démontre notamment la percée électorale de l’AfD en Thuringe et en Saxe, formation officiellement classée à l’extrême droite par les autorités allemandes.
Au Luxembourg, ce genre de discours est aussi véhiculé, notamment sur les réseaux sociaux. Un membre de l’ADR s’est emporté mercredi sur Facebook en appelant à «poignarder» des politiciens de «gauche» pour que ces «abrutis» prennent enfin conscience du «danger» émanant des migrants. «Cette bande de salauds vient en Europe pour trouver protection, or la vérité est que c’est nous qui devons être protégés contre eux», poursuit celui qui était candidat aux élections communales à Dudelange. Il ne s’agit pas du premier dérapage d’un membre de l’ADR. Cette fois, la présidente Alexandra Schoos a au moins qualifié les propos tenus de «graves» tout en annonçant dans les colonnes du Wort que les instances du parti allaient se pencher sur ce cas.
Toujours mercredi, Alexandra Schoos a estimé sur RTL Radio que l’AfD avait parfaitement légitimité à prendre le pouvoir dans les deux Länder précités. Elle passe outre les déclarations de ce parti qui tendent à relativiser, voire glorifier, le régime nazi ou les plans d’expulsion massive des migrants. Jusqu’à présent, le cordon sanitaire appliqué par les partis démocratiques tient. La formation de coalitions pour les conservateurs de droite de la CDU, avec le concours notamment du nouveau parti d’extrême gauche BSW, s’annonce toutefois très compliquée. Une chance pour l’AfD ?
En tout état de cause, le discours ne cesse de devenir plus toxique. Le phénomène reste encore assez limité au Luxembourg. Mais, ici comme en Allemagne, il ne sera pas évident de trouver les bonnes réponses pour reprendre la main face à ceux qui propagent la haine au lieu de contenus politiques.