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Un défi pour l’Allemagne

Nous ne devons pas porter de soupçon généralisé contre les réfugiés, même s’il y a des procédures qui sont engagées dans des cas isolés.» À l’aune de la semaine sanglante que vient de vivre l’Allemagne, cette déclaration de son ministre de l’Intérieur, Thomas de Maizière, résume bien le défi qui attend la société allemande dans son ensemble. Si la fusillade de Munich n’est en rien liée à l’islamisme radical, en une semaine, l’organisation État islamique a revendiqué deux attentats sur le sol allemand commis par des demandeurs d’asile.

La tentation est alors grande – et on ne peut le nier assez compréhensible – pour le citoyen lambda abreuvé d’images effrayantes par les médias de jeter l’opprobre sur l’ensemble du million de réfugiés arrivés l’année dernière dans le pays. C’est d’ailleurs le but des terroristes que de diviser les sociétés européennes et de les entraîner dans une forme de guerre civile.

La France, en première ligne face au terrorisme islamiste depuis 2015, est le parfait exemple de cette stratégie grossière et évidente, mais qui fonctionne, sauf que les réfugiés sont alors remplacés par les Français et les résidents de confession musulmane. Après la tuerie de Nice, le peu d’union nationale qui subsistait dans la classe politique a volé en éclats sur fond de luttes purement politiciennes, la parole raciste a continué de se libérer. Et les prochains attentats ne feront qu’alimenter ce cycle dangereux.

Et il est à craindre que l’Allemagne suive le même chemin que son voisin. Malheureusement, ce serait presque logique. Face à un tel déferlement de violence aveugle, la raison aura toutes les peines du monde à l’emporter. Les sentiments de peur et de haine sont beaucoup plus faciles à mobiliser, ressurgissent plus facilement que l’empathie et la sagesse.

Nous savons parfaitement quels sont les buts des terroristes et quels sont les moyens qu’ils mettent en œuvre pour les atteindre. Mais confrontés à une violence si primitive qui utilise des outils si simples (hache, couteau, camion), nous sommes désemparés, vulnérables et nous avons… peur.

Nicolas Klein (nklein@lequotidien.lu)