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Un débat, quel débat ?

Le monde s’est arrêté, dans la nuit de lundi à hier, pour assister, circonspect, au premier débat de la campagne présidentielle américaine. À un peu plus d’un mois du rendez-vous fatidique, 100 millions d’Américains se sont assis devant leur écran pour assister à la joute entre le républicain Donald Trump et la démocrate Hillary Clinton.

La société du spectacle à son paroxysme car les Américains se décident souvent à l’occasion de ces duels télévisés. Inutile donc d’avoir un programme solide, quand il s’agit juste de dominer son adversaire aux yeux du monde. C’est en tout cas ce que semble penser Donald Trump, homme de coups d’éclat médiatiques. C’est ce qui l’a perdu, aussi, face à une Hillary Clinton perfectionniste.

Les analyses vont bon train, depuis, sur les qualités de l’une et les défauts de l’autre, sur la pauvreté, aussi, des thèmes abordés. Car le spectacle était peu intéressant, tourné vers la personnalité des candidats plus que sur des programmes ou des idées neuves.

À l’image des duels politiques récents, ce débat a montré les nouvelles stratégies des équipes de campagne. Peu d’arguments, sinon le simple objectif de prendre en faute son adversaire, par des attaques plus ou moins honnêtes. Les projets attendront, l’important, c’est la victoire.

Et ce n’est pas un défaut américain. Il suffit de regarder du côté de la vieille Europe pour constater que les idées sont de plus en plus rares. Dans l’arène politique, il suffit souvent de contrer le pouvoir en place pour conquérir les foules. Car gouverner use, toujours, et l’attrait de la nouveauté fait souvent le reste. Propositions et solutions viendront plus tard, peut-être.

Alors, quand Hillary domine Donald, ce n’est que spectacle. Une mise en scène suffisante pour prendre le pouvoir, peut-être. Mais ne vendons pas la peau de l’éléphant avant de l’avoir terrassé. Car Donald n’est jamais meilleur que lorsqu’on le donne perdant. Depuis deux ans, il ne cesse de perdre sur le chemin de la Maison-Blanche…

Christophe Chohin (cchohin@lequotidien.lu)