Le chemin plutôt libéral emprunté par le Luxembourg pour négocier la deuxième vague d’infections au coronavirus reste fortement critiqué par les pays voisins, reconfinés depuis début novembre. À l’intérieur du Grand-Duché, clients, cafetiers, restaurateurs et commerçants ont accueilli à bras ouverts les mesures moins intrusives. La stabilisation des chiffres d’infection à un niveau stable mais élevé est venue justifier ce choix. Aujourd’hui, la décision du reconfinement partiel est largement fustigée. Qui dit vrai ?
Il est à constater que depuis le 29 octobre, jour d’entrée en vigueur du paquet anti-Covid renforcé – dont le très controversé couvre-feu nocturne – on est passé de 4 700 infections (semaine du 26 octobre) à 3 842 contaminations (semaine du 16 novembre). La moyenne hebdomadaire est passée de 671 à 549 cas. Dans le même temps, le déphasage entre infections et complications fait que les hospitalisations de patients Covid+ restent à la hausse et que les décès se multiplient. Il est donc temps de remettre une couche.
Le gouvernement poursuit son acte d’équilibriste. Horeca, culture, loisirs et sport doivent trinquer, alors que les commerces peuvent rester ouverts. Des critères objectifs à même de motiver cette décision sont demandés avec insistance. Aveu de faiblesse ou pas, le gouvernement ne cache pas que cette base chiffrée n’est pas disponible. L’analyse scientifique des stations d’épuration démontre toutefois que le virus est toujours largement répandu. Il est donc très compliqué de le traquer avec précision. Sachant que le virus se transmet de personne à personne, le choix politique a été pris de cibler les domaines où les contacts sans masque sont le plus fréquent.
L’opposition crie (une nouvelle fois) à l’incohérence. La vérité est que l’incohérence est présente dans les deux camps. Les uns veulent le port du masque obligatoire partout, avec contrôle strict par la police. Les autres s’insurgent contre l’entrave aux libertés. En fin de compte, la solution la plus cohérente serait un reconfinement pur et dur. Mais personne n’en veut. Les trois semaines de restrictions qui s’annoncent semblent donc être un mal pour un bien, d’autant plus si on se remémore l’impact négatif du confinement au printemps, long de plus de deux mois.
David Marques