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Un coup pour rien ?

Ce coup de marteau a retenti bien moins fort que celui frappé sur la table de la COP21 à Paris. Des enchères conclues sans conviction. Il faut dire que la COP26 a accouché, dans la douleur à voir l’émotion au bord des yeux du président britannique de cette conférence mondiale pour le climat, d’un «pacte» plus que d’un accord. Alok Sharma s’est même avoué «profondément désolé» de la «faiblesse» de l’engagement final. Un vœu pieux déjà mort-né lorsque s’ouvrait la grand-messe, quand la présidente de la Commission européenne estime qu’il «maintient en vie» les objectifs fixés en 2015. Le Premier ministre Boris Johnson le qualifie de «grand pas en avant». Il va tout de même falloir le presser ce pas, si l’on veut accélérer la cadence. «Nous avons toujours su que Glasgow n’était pas la ligne d’arrivée», a relativisé l’émissaire américain John Kerry. Et c’est loin d’être le bout du tunnel. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a su pointer, lui, «une volonté politique collective insuffisante».

Pour les ONG et les militants écologistes, c’est surtout un coup de massue. Du «bla-bla-bla» et rien de plus, a de nouveau fustigé Greta Thunberg. Car le pacte en question ne garantit pas de pouvoir contenir le réchauffement de la planète à 1,5 °C ni de répondre aux demandes d’aide des pays pauvres, encore et toujours assommés par les vaines promesses des plus riches comme par les impacts de la crise. Coup de tension aussi, autour du nucléaire. Le Luxembourg et plusieurs pays ont plaidé pour une finance durable excluant l’énergie atomique, se heurtant aux susceptibilités notamment françaises.

Au moins a-t-on évité le coup de grisou, avec la seule annonce véritablement saluée : la fin des financements du charbon et des combustibles fossiles. Une fin pas tout à fait actée néanmoins, l’Inde et la Chine étant parvenues à faire changer la formulation en «réduction» plutôt que «sortie». Attention au coup de bambou aussi, si la lutte contre la déforestation n’est pas sérieusement mise en œuvre. Sinon, cette COP26 sera définitivement un coup pour rien.

Alexandra Parachini