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Un clash pour 60 euros

La fronde patronale n’y changera rien. Dès janvier, les quelque 61 200 personnes qui touchent le salaire social minimum (SSM) percevront 2 201,93 euros (pour les non-qualifiées) et 2 642,32 euros (pour les qualifiées) par mois. Il s’agit d’une hausse de 2,8 % ou de 60 et 72 euros par salarié. Le surcoût pour les entreprises est estimé à 54,3 millions d’euros. La compensation financière de l’État sera de 20 millions d’euros. Insuffisant et irresponsable, clame le patronat. La Fedil déplore ainsi que «les décideurs politiques ne semblent pas avoir pleinement pris conscience de la situation économique fragile» d’une large frange de l’économie. La Chambre de commerce et la Chambre des métiers estiment que «toute augmentation du niveau du SSM aura pour conséquence d’accroître le nombre potentiel de demandeurs d’emploi, parmi les personnes moins qualifiées en particulier» et de venir «fragiliser davantage la cohésion sociale».

Le gouvernement, soutenu sur toute la ligne par la Chambre des députés, a une autre vision de la chose. Pour lui, le maintien de la cohésion sociale passe par cette hausse du SSM. Les citoyens qui se retrouvent au plus bas de l’échelle salariale sont les grands perdants de la crise sanitaire. L’augmentation du SSM doit contribuer à sauvegarder au mieux le pouvoir d’achat des simples travailleurs, applaudis au printemps et qui peuvent demain contribuer à la relance économique post-Covid.

En même temps, il ne faut pas se voiler la face. Le camp patronal fustige le fait que le SSM a augmenté de 24 % depuis 2010. La Chambre des salariés (CSL) rétorque que le taux des personnes en risque de pauvreté a augmenté de 69,4 % entre 2010 et 2020. Selon le Statec, 103 600 personnes vivaient en 2019 au-dessous du seuil de pauvreté qui s’élève à 1 804 euros par mois pour un adulte seul. En 2019, 24,3 % des ménages déclaraient avoir des difficultés à joindre les deux bouts. Sachant que le niveau de vie médian au Luxembourg est de 3 007 euros, un SSM non qualifié de 2 202 euros ne constitue qu’une petite avancée dans la lutte contre l’accroissement des inégalités sociales. Ce constat est d’autant plus vrai si l’on considère que 15,2 % des personnes ayant un emploi restent exposées au risque de pauvreté.

David Marques