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Un cancer « made in USA »

Les tueries perpétrées au Texas (El Paso) et dans l’Ohio (Dayton) au cours du week-end ont à nouveau démontré à quel point la législation américaine relative au droit à la possession et au port d’armes est loin d’être révisée.

Elle est dénoncée et vertement critiquée à chaque nouvelle fusillade, mais cette législation obsolète aux accents de Far West et de cow-boys, n’est jamais abolie. Elle ne le sera d’ailleurs probablement jamais; la majorité des politiques s’y refusent par crainte d’offusquer le puissant lobby de la National Rifle Association (NRA) qui milite en faveur du droit à la détention, quand ils n’invoquent pas le deuxième amendement de la Constitution américaine, qui garantit le droit de posséder une arme à feu.

Si bien que le monde assiste, impuissant, à chaque débat stérile qui s’invite sur le devant de la scène politique, après chaque nouvelle tuerie; le constat de statu quo est amer, mais le fric et le clientélisme politique sont trop puissants pour vaciller.

Le réalisateur engagé Michael Moore n’a que trop bien retracé cette situation inextricable dans son documentaire Bowling for Columbine, qui fait référence à la fusillade du lycée Columbine à Littleton (Colorado) en 1999. «Pourquoi le nombre d’homicides par arme à feu est-il proportionnellement plus élevé aux États-Unis que dans les autres pays ?», s’interrogeait, à l’époque, celui qui venait de jeter un sacré pavé dans la mare, éclaboussant notamment George W. Bush et son Parti républicain.

Lundi, l’actuel président républicain a cru faire illusion en appelant à encadrer davantage les ventes d’armes à feu, tout en suggérant de lier cette mesure à la réforme migratoire, et en estimant que «les républicains et les démocrates doivent se rassembler». Car, selon lui, «quelque chose de bon, sinon de GRAND, doit résulter de ces deux évènements tragiques»…

Mais qui croit encore un seul tweet de celui qui risque volontiers de ne pas traiter ce cancer typiquement américain, afin d’obtenir un second mandat en 2020 ? Alors, fake news Mr. President ?

Claude Damiani