Tour Alcide de Gasperi, 22e étage, un peu plus de deux semaines plus tard. Hier matin, la nouvelle ministre de l’Environnement, Joëlle Welfring, a connu son baptême du feu dans la même salle qui avait vu, le 22 avril dernier, Carole Dieschbourg démissionner du gouvernement. Sa successeure s’est montrée un brin nerveuse au moment de présenter les contours du nouveau programme d’aides «Klimabonus», visant à donner un nouvel élan à la transition écologique et énergétique du Luxembourg.
Le choix de la directrice de l’administration de l’Environnement comme ministre ne fait pas l’unanimité. Sa connaissance des dossiers et le peu de temps qui reste jusqu’à la fin de la législature, en octobre 2023, demeurent néanmoins des arguments qui plaident en faveur de Joëlle Welfring. Aura-t-elle l’occasion de développer sa propre «vision politique»? Probablement pas. Mais est-ce qu’il faut une «vision» pour faire avancer les choses? La réponse est non. Car en fin de compte, Joëlle Welfring prend un train qui est déjà sur les rails. Il «reste» à concrétiser des projets qui tombent à point nommé.
L’urgence climatique est réelle. Également hier a été publié un nouveau rapport de l’ONU qui estime à 50 % le risque que le réchauffement climatique dépasse le seuil de 1,5 degré dans les cinq prochaines années. Le seuil maximal de 2 degrés semble de plus en plus difficilement tenable. Il n’existe toutefois pas d’alternative viable que de réduire radicalement les émissions de gaz à effet de serre.
Au vu de l’enjeu mondial, le «Klimabonus» peut ressembler à une goutte d’eau dans la mer. Le Luxembourg et ses 635 000 habitants devront toutefois aussi apporter leur pierre à l’édifice. La réforme et la simplification des aides étatiques pour soutenir la rénovation énergétique sont des pas importants. Poser le cadre est bien, convaincre les citoyens à agir est indispensable. Affirmer qu’«il n’est pas si compliqué de sortir des énergies fossiles», comme l’a fait, hier, le ministre Claude Turmes, pourrait s’avérer contreproductif. La volonté de Joëlle Welfring de miser bien davantage sur l’aspect social du virage écologique semble plus sensée. Le regard doit, en fin de compte, aller bien au-delà de l’échéance électorale de 2023.