La tension autour de la prétendue affaire Bettel-Kemmer est retombée assez rapidement. Mardi, le Premier ministre, Xavier Bettel, est venu s’expliquer à la tribune de la Chambre sur son entrevue privée fin 2012 avec l’ancien agent du Service de renseignement de l’État (SREL). Alors que le CSV et l’ADR cherchaient à déstabiliser le chef du gouvernement, ils sont finalement repartis bredouilles. Xavier Bettel a en effet été appuyé par les trois partis formant la majorité. Malgré l’«erreur» qu’il a admise dans ce dossier, il n’y aura pas de conséquences politiques.
Cette pseudo-affaire est néanmoins venue cacher quelque peu un volet bien plus important de l’affaire du SREL. La longue liste des dysfonctionnements révélés dans les années 2012 et 2013 avait vite disparu des esprits et donc aussi des devants de la scène politique après l’annonce des élections anticipées en juillet 2013. Cette semaine, déi Lénk et d’autres acteurs politiques ont rappelé à juste titre que l’affaire portant sur le fond n’était pas encore close.
Le rapport de la commission d’enquête parlementaire sur le SREL formait une solide base pour la justice, à même de lui permettre d’assurer le suivi sur le plan pénal des différentes affaires. Comme l’a souligné mardi Alex Bodry (LSAP), le président de la commission d’enquête parlementaire, les rouages de la justice tournent néanmoins bien trop lentement.
Après plus de trois ans, pratiquement aucun détail sur les différentes enquêtes judiciaires n’a filtré. L’impression que ce silence et cette lenteur peuvent donner au citoyen est que les autorités cherchent à étouffer les différents dysfonctionnements. Dans un État de droit qui se respecte, une telle impression ne peut pas avoir sa place. Si le ministre de la Justice, Félix Braz, persiste à se montrer très réservé sur ce dossier, il devient donc encore plus urgent que le parquet sorte de son silence. Cela est d’autant plus important que le pays va se retrouver dès mardi sous le feu des projecteurs du procès LuxLeaks, déjà dénoncé par de nombreux observateurs. Il est grand temps que la justice redore son blason.
David Marques (dmarques@lequotidien.lu)