Les Britanniques ont vécu un avant-goût de ce que pourrait donner le Brexit au cours du week-end. Des hordes d’automobilistes se sont retrouvés coincés à Douvres pendant de longues heures et ont raté leur ferry pour venir passer leurs vacances d’été sur le continent. Ces derniers sont très friands des plages françaises et espagnoles, mais leurs plans de vacances au soleil ont pris un peu de retard. Les Français, très à cheval sur la sécurité, ont accentué leurs renforts. Et puis le manque d’effectifs aidant, les policiers et douaniers étant sur la brèche depuis des mois maintenant, d’énormes retards ont été pris au point de contrôle douanier à Douvres.
Que les Français aient voulu «punir» les Britanniques en leur montrant ce que donnerait un Royaume-Uni isolé du reste de l’Europe est une possibilité. Mais cela montre bien que «renforcer ses contrôles aux frontières», «regagner le contrôle de l’immigration à ses portes», les thèmes chers aux partisans du Brexit, sont devenus une réalité qui n’est pas si plaisante quand on passe sept heures coincé dans sa voiture sans pouvoir bouger. Le contrôle de l’immigration va dans les deux sens, et si le Royaume-Uni veut fermer ses frontières complètement, il faudra s’en remettre au simple fait géographique : sortir de l’île va devenir plus compliqué.
C’est une des conséquences bien concrètes que les Britanniques commencent à réaliser alors que leur Première ministre n’a pas encore donné de date quant à l’exécution de l’article 50. Difficile de savoir par quoi commencer. Mais les Européens, qui se montrent tour à tour conciliants et fermes ne devraient pas transiger sur la libre circulation des personnes. L’accès au marché unique signifie la circulation des biens, des devises, mais aussi des personnes. Séparer les deux reviendrait à faire imploser les valeurs fondamentales de l’Europe. Et les Britanniques, qui adorent les exceptions et les cas particuliers, ouvriraient la boîte de Pandore et signeraient la fin de l’Union européenne. Les autres pays membres devraient en tout cas s’impatienter dès la rentrée sur l’incertitude ambiante qui ne sert personne.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)