Hier, le gouvernement conservateur-libéral a fêté son deuxième anniversaire. Le 17 novembre 2023 a scellé le retour au pouvoir du CSV, au bout d’une décennie passée sur les bancs de l’opposition, et acté la fin de la coalition tricolore formée par le DP, le LSAP et déi gréng. Au début de son mandat, cette alliance inédite avait ficelé un «Paquet d’avenir», qui n’était rien d’autre qu’un paquet d’austérité. Un premier clash majeur avec le camp syndical avait pu être évité après des concessions faites au bout de négociations ardues. Peu populaire, le gouvernement avait connu un revers majeur lors du référendum constitutionnel de 2015. Le résultat écrasant, un triple non situé entre 70 et 80 %, était aussi un message envoyé par les électeurs mécontents de l’équipe du Premier ministre, Xavier Bettel. La majorité avait cependant réussi à remonter la pente pour se maintenir de justesse au pouvoir après les législatives de 2018, que le CSV se voyait remporter haut la main.
Malgré des divisions devenues apparentes, le trio DP-LSAP-Déi Gréng a cédé au CSV et au DP un pays globalement apaisé. Deux ans plus tard, le vent a clairement tourné. On peut avoir l’impression que l’ensemble de la société civile est vent debout contre le gouvernement Frieden-Bettel. La liste n’a cessé de s’allonger : syndicats, patronat, corps médical, associations de défense du climat et des droits humains et bien d’autres ONG. Pourtant, le nouveau Premier ministre s’était engagé lors de sa déclaration gouvernementale à trouver des compromis. «Ma mission est de trouver des consensus, sans pour autant faire stagner la démocratie», avait-il clamé devant la Chambre.
Malgré la tenue de plusieurs engagements clés – hausse du pouvoir d’achat, allègements fiscaux des personnes les plus vulnérables, relance de la construction et du logement – l’anniversaire du gouvernement CSV-DP est plutôt gâché. La faute à une communication hasardeuse et à des cavaliers seuls sans véritable dialogue – voire négociations – avec les partenaires sociaux. Les prochaines législatives sont fixées à octobre 2028. Le chemin à parcourir est encore long. Le potentiel pour ajuster les comportements et les politiques est également important. Mais le temps sera-t-il suffisant pour vraiment inverser la vapeur?