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Un amour d’été

C’est un petit miracle annuel. Depuis quelques semaines, vous traversez les diverses routes et autoroutes du pays comme dans un rêve : pas de bouchons, pas de déviations à trouver, des ronds-points déserts. Seulement quelques travaux par-ci, par-là. Encore mieux : des places de parking libres vous attendent comme si elles avaient été réservées à votre nom au troisième étage de ce P+R devant votre travail. Vous savez, ce troisième étage toujours rempli d’ordinaire, presque inaccessible ? Il affiche désormais «66 places disponibles». Vous n’en croyez pas vos yeux. L’adrénaline monte.

Vous arrivez au bureau avec un quart d’heure d’avance, détendu, presque souriant. Trop content d’avoir dégoté la perle rare. Cette place tant espérée le reste de l’année. C’est louche. Mais il est vrai que le mois d’août a ce don rare : vider les routes et offrir aux survivants restés au Luxembourg une expérience de circulation qui frôle presque l’utopie. Pas de coup de klaxon impatient derrière vous, pas de chasse à la place dans ce parking saturé, pas de barrière vous annonçant «parking complet» ni de GPS qui vous indique d’un ton sinistre «trajet rallongé de 18 minutes». Non. Tout coule. Tout roule. C’est bien. Trop bien.

Mais attention : ne vous y habituez surtout pas. Cette douceur n’est qu’une parenthèse, un alignement d’astres qui ne dure que quelques petites semaines. Le congé collectif, les départs en vacances et les bureaux désertés créent cette illusion de fluidité, de légèreté, qu’on adore, mais qui s’évaporera très vite. Profitez-en pour respirer davantage, marcher un peu plus lentement, boire un café en terrasse sans guetter votre montre. Rentrer plus vite auprès de votre famille le soir.

Car bientôt les pare-chocs se rapprocheront à nouveau, les parkings afficheront «complet» avec des barrières qui refuseront de s’ouvrir devant vous, alors que vous êtes déjà en retard pour cette réunion. Ce troisième étage tant désiré ne sera alors plus qu’un lointain souvenir. Un amour d’été presque, dirons-nous. Bref, ne vous y attachez pas. Les bouchons ont juste pris des vacances, eux aussi.

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