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Trump s’en fiche

Le jour même de la réélection de Donald Trump comme président américain, le Premier ministre, Luc Frieden, avait tenu à souligner que «le Luxembourg et les États-Unis sont des alliés et partenaires proches et partagent une longue histoire de valeurs communes». Il avait ajouté vouloir «travailler dur pour bâtir un partenariat transatlantique solide». Le 11 février, en marge du sommet de l’IA à Paris, le chef du gouvernement avait pu s’entretenir avec le vice-président J. D. Vance, qui aurait reconnu l’étroite amitié qui lie le Grand-Duché et les États-Unis.

Que vaut encore cette amitié aujourd’hui? Le Luxembourg n’oubliera certainement jamais le sacrifice des soldats américains venus libérer l’Europe et le Grand-Duché du joug nazi. Sans le soutien indéfectible apporté par le président des États-Unis Franklin D. Roosevelt à la Grande-Duchesse Charlotte, le Luxembourg aurait risqué d’être rayé de la carte. La souveraine, symbole de l’unité et de la résistance du peuple luxembourgeois, est revenue de son exil le 14 avril 1945. Un malheureux hasard du calendrier fait que la presse américaine a révélé, pile 80 ans après cette date historique, les plans de l’administration Trump visant à fermer l’ambassade des États-Unis au Luxembourg (lire en page 4).

Le conditionnel est encore de mise. Mais si cette fermeture se concrétise, l’«étroite amitié» que le Grand-Duché entretient avec Washington va en prendre un sacré coup. Le début des relations diplomatiques remonte à 1903. Depuis près de 70 ans, les États-Unis sont représentés par un ambassadeur résident au Luxembourg. L’Amérique est le premier partenaire commercial du Grand-Duché en dehors de l’UE avec un volume d’échanges de 25 milliards d’euros par an. Jusqu’à 12 000 emplois dépendent d’entreprises américaines actives sur le territoire grand-ducal. Sans oublier que le Luxembourg est une capitale européenne, hébergeant d’importantes institutions.

Des arguments qui ne semblent pas peser dans les coupes aveugles au niveau de l’État fédéral américain. Il se confirme que Donald Trump se fiche des relations avec des alliés historiques. Pas sûr d’ailleurs que le président américain sache où se situe le Grand-Duché. En 2016, il avait estimé que la Belgique était une «ville magnifique»…