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Trump power

Une machine de guerre. Une redoutable entreprise de démolition. Ruinant les sondages, les certitudes et la fin d’une histoire écrite trop tôt. La blague qui faisait se gausser, des hautes sphères à la bulle médiatique, depuis juin 2015 n’en est plus une. Vendredi, à midi, heure de Washington, lorsqu’il prêtera serment sur les marches du Capitole, le clown mal fagoté présidera bel et bien aux destinées américaines.

Donald Trump s’est vu confier les pleins pouvoirs. Sa démonstration de force renvoie le monde entier à son impuissance. Le Trump power, lui, est inébranlable du haut de sa tour d’ivoire, sous les ors et le marbre. Matérialisant la richesse et la solidité de son propriétaire. Personne n’est parvenu à le déstabiliser. Ni le quatrième pouvoir qui a payé son arrogance auprès des citoyens ni l’impériale Hollywood dont le mépris affiché finit par rebuter les foules. Rien ne le fait vaciller. Trump peut étaler sa fortune, ses avions, ses palaces et construire son image d’homme de la situation économique. Le seul capable de «rendre sa grandeur à l’Amérique». Le patron people s’est imposé leader du peuple. De cette «majorité silencieuse» dont il s’est fait le porte-voix.

Les contradictions n’ont pas pesé dans la balance. Ses propos sexistes n’ont pas empêché 53% des femmes blanches de lui accorder leur vote. Les milliers de salariés laissés sur le carreau d’Atlantic City, son Las Vegas raté de la côte Est, n’entament pas sa promesse d’être «le plus grand créateur d’emplois que Dieu ait jamais créé».

Donald Trump peut se permettre tous les luxes, y compris celui de la Maison-Blanche. Le grossier personnage adresse un message de défiance aux élites de la planète. Aux élites européennes, surtout, usant pour lui répondre de ce langage technocratique qui ne parle pas aux électeurs. Des tournures élégantes pleines d’effet mais vides de sens. Des mots lourds de sous-entendus et pourtant plus légers que des paroles en l’air. Refusant la politique spectacle, les élus et candidats de tous bords ont voulu «montrer les muscles», clamant d’un même discours que «l’Europe n’a pas de leçons à recevoir» ou que «la France ne se soumettra jamais». L’une et l’autre, affaiblies de l’intérieur, auront toutefois besoin d’un peu plus que quelques incantations pour espérer faire le poids.

Alexandra Parachini