Trump plus présent que jamais

Washington, midi, ce mercredi. Sur les marches d’un Capitole sanctuarisé, Joe Biden prêtera serment pour devenir le 46e président des États-Unis. La main sur la Bible, il jurera alors de «préserver, protéger et défendre» la Constitution. Sous le regard de ses prédécesseurs Bill Clinton, Georges W. Bush et Barack Obama. Pas de Donald Trump, qui aura quitté la Maison-Blanche au matin et brillera par son absence à une investiture dont il pense toujours s’être fait déposséder illégalement.

Outre cette bouderie, la cérémonie en tant que telle doit se dérouler comme tout autre «Inauguration day». En théorie, du moins. Car rien ne promet que la transition soit «pacifique et ordonnée», selon les mots convenus du président sur le départ. Ce n’est pas tant la pandémie et les restrictions sanitaires qui bouleversent l’événement, que la charge insurrectionnelle pesant sur la capitale depuis l’assaut du 6 janvier. Mais pas seulement. Des violences armées sont redoutées dans tous les États, à l’instant précis où Biden posera ses doigts sur les saintes écritures. Si quelque 20 000 militaires sont déployés à Washington (largement plus que les troupes mobilisées en Irak et en Afghanistan), la police fédérale s’inquiète de voir les citoyens les plus radicaux attaquer les institutions abritant la démocratie américaine. Au point de soupçonner des éléments perturbateurs dans les rangs même de la Garde nationale. Au point de craindre pour la vie de Joe Biden et de sa vice-présidente, Kamala Harris, autant que pour celle de Nancy Pelosi. La cheffe des démocrates cristallisant la haine pour avoir porté – jusqu’au bout – la procédure de destitution de Donald Trump.

Quand on se souvient du scénario de politique-fiction douteux exposé par le candidat républicain lors d’un meeting, imaginant un Biden se faisant «tirer dessus» peu après sa victoire, la menace est réelle. Comme le «Tenez-vous prêts», lancé à la milice d’extrême droite des Proud Boys fin septembre en plein débat télévisé, qui a résonné fort trois mois plus tard dans les couloirs envahis du Capitole. Depuis son golf en Floride, Trump sera au final plus présent que jamais ce 20 janvier…

Alexandra Parachini