Quoi qu’il arrive, il a gagné. Qu’il remporte ou non la présidentielle de novembre. Sa victoire écrasante lors de la primaire républicaine de l’Iowa était une simple formalité. Et Donald Trump fait plus que jamais figure de favori pour un retour fracassant à la Maison-Blanche.
Imbattable. Pour avorter ses chances de porter le bébé attardé de la droite américaine, il faudrait que ces primaires accouchent d’une surprise. Baptisée Ron DeSantis ou Nikki Haley. Le gouverneur de Floride et l’ancienne ambassadrice aux Nations unies sont populaires. Et bien plus jeunes. Sauf que le vieux routard des affaires a plus d’un tour dans sa Trump Tower. Et toute une classe moyenne acquise à sa cause, aussi peu noble soit-elle. Le succès des outsiders n’est pas impossible, mais très peu probable.
Incontrôlable. Si l’ancien président perdait le scrutin national, comme en 2020, il lui suffirait de crier à nouveau au vol. Ses partisans se tiendront prêts, encore, à prendre d’assaut le Capitole. Cette fois, le risque de guerre civile est majeur. Le 6 janvier 2021, les meneurs de l’insurrection perpétrée contre le cœur battant de la démocratie s’appuyaient sur des vétérans de l’armée, des policiers à la retraite et, pour certains, toujours en fonction. Tous sont désormais parfaitement aguerris et déterminés à livrer sanglante bataille.
Inarrêtable. «Dieu m’a dit de voter Trump», ont confessé des évangélistes. Cette dimension mystique, plaçant «l’élu» au-dessus du commun des mortels et des lois, c’est justement ce qui plaît à ses fidèles. Ses inculpations au pénal – quatre à ce jour – sont du pain béni. Une «chasse aux sorcières» ourdie par l’hérésie démocrate, aime à répéter l’ancien chef de l’État, aussi déchu que déçu. Autant que son inéligibilité déclarée dans le Maine et le Colorado. Les adeptes excusent toutes les outrances du gourou. Ses nombreuses agressions sexuelles? «Ça va, ça se faisait à l’époque.» Il n’y a pas mort d’homme, au final. De femme, ce serait du reste moins grave. Ses propos sur les migrants qui «empoisonnent le sang» des Américains? Quand même, un oncle Sam trop bronzé, ce n’est pas sérieux… À leurs yeux aveuglés, Donald Trump semble le seul sauveur d’une nation en perdition.
Alexandra Parachini