L’électorat féminin aux États-Unis représente 53 % des votants, on aurait parfois tendance à oublier que les femmes ne sont pas une minorité. Et ces femmes devraient être celles par qui va tomber Donald Trump. Une source audio qui date de plus de dix ans a refait surface ces derniers jours. Les propos tenus ne dépareillent pas dans le quotidien ordinaire de politiciens machos qui se gardent bien de parler de la sorte en public. Le candidat républicain évoque sans vergogne le fait qu’il peut se permettre d’agripper ou d’embrasser n’importe quelle femme, juste parce qu’il est connu.
Pour résumer, Donald Trump se croyait déjà intouchable il y a une décennie. Entre-temps, il n’a pas changé d’un iota. Même sa femme, Melania, a dû condamner ces propos tenus alors qu’ils n’étaient mariés que depuis quelques mois. Si cela ne relevait que de la sphère privée, que Melania Trump ait épousé un malotru, cela ne regarderait qu’elle. Ce qui est beaucoup plus dommageable, c’est que l’un des deux candidats à la présidentielle américaine pense que les femmes sont à sa disposition. Le camp Trump va devoir faire preuve de trésors d’imagination pour rattraper cet énième dérapage du candidat. Les républicains se sont rangés à la vague populiste que représentait Trump au début de sa candidature. Mais jamais un candidat n’aura paru plus fragilisé et moins crédible que Donald Trump. Il perd ses soutiens un à un, et il paraît peu probable qu’il arrive à renverser la vapeur d’ici à l’élection sans le soutien d’une frange religieuse du Parti républicain, qui réprouve le côté vulgaire du candidat, et certains grands pontes du parti, qui ont bien compris qu’ils avaient misé sur le mauvais cheval.
Hillary Clinton avait largement de quoi battre son adversaire à la loyale. Mais Donald Trump se tire des balles dans le pied au fur et à mesure de la campagne, qui aura été largement en dessous de la ceinture. La politique n’en ressortira certainement pas grandie et la baudruche Trump ne donne pas beaucoup d’espoir quant à des alternatives aux politiciens professionnels.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)