En cette ère des réseaux sociaux, où toute forme de respect disparaît par un simple clic de souris, toute nouvelle liée aux personnes supposées être mieux loties que le simple citoyen déclenche un véritable «shitstorm». Du simple mépris, on passe rapidement à la haine et à la xénophobie. En Allemagne, le discours odieux de l’extrême droite s’est même déjà traduit par l’attentat mortel perpétré en juin contre Walter Lübcke, un élu local proréfugiés.
Au Grand-Duché, les menaces de mort visant des politiciens restent encore une grande exception. En fin de mandat, l’ancien Premier ministre Jean-Claude Juncker avait fait l’objet d’une telle menace. Et pourtant, le ton devient plus radical sur les réseaux sociaux.
Dernier exemple en date : l’annonce en début de semaine que le budget mensuel alloué aux députés allait être revu à la hausse. Bon nombre d’internautes n’ont pas pris le temps de lire la nouvelle en question et se sont immédiatement mis à tirer à boulets rouges sur ces élus qui seraient de toute façon bien trop payés pour le travail médiocre qu’ils fourniraient. On va vous épargner les détails de certains commentaires qui dépassent toutes les limites. Heureusement que la police et le parquet agissent pour punir les acteurs de ces actes intolérables.
Mais pour en revenir à la question des politiques qui seraient trop payés : certes, les indemnités que touchent les élus au Luxembourg sont élevées. Leurs revenus dépassent de loin le seuil du salaire minimum, ce qui peut provoquer une déconnexion entre le monde politique et le simple citoyen. La hausse du budget des députés n’est cependant pas une augmentation de salaire, le montant supplémentaire servira en fait à se doter de personnel spécialisé, appelé à travailler sur des dossiers de plus en plus complexes sur lesquels il guidera les élus. Les décisions prises à ce niveau conditionnent la vie de chaque citoyen. Le travail politique doit donc pouvoir bénéficier des moyens adéquats afin d’éviter que les dérives observables sur internet ne finissent pas se répercuter dans la réalité.
David Marques