Les annonces du futur gouvernement ont été décrites comme «ambitieuses» et «modernes». Au premier regard, cette Gambia II paraît avoir de très bonnes intentions, comme lorsqu’elle annonce la gratuité des transports en commun. Intrinsèquement, permettre à toute la population du pays, aux frontaliers et même aux touristes de circuler gratuitement n’a que des avantages. Le premier est de permettre aux gens de laisser la voiture à la maison et ainsi de diminuer le nombre de voitures sur la route afin de réduire la saturation aux heures de pointe et surtout d’accélérer la transition écologique. Le deuxième est de donner de la mobilité aux personnes les plus fragiles n’ayant peut-être pas les moyens financiers de payer régulièrement un abonnement de transport en commun. Et puis, quelle image de modernité sociale que de devenir le deuxième pays européen, après l’Estonie, à rendre ses transports en commun gratuits. Évidemment, quand une chose est trop belle pour être vraie, c’est qu’il y a un loup quelque part. Les détracteurs de cette idée pointent le coût d’une telle modernité. Coût qui ne fera qu’augmenter en cas de succès, puisque plus il y aura de monde utilisant les transports en commun, plus il faudra des infrastructures pour répondre à la demande et plus il faudra dépenser d’argent en entretien du matériel circulant et du réseau de transport. Évidemment, le gouvernement a sans doute une idée derrière la tête pour financer l’idée, qui, ne le cachons pas, sera payée de diverses façons par les entreprises et les travailleurs du pays. Mais en y réfléchissant bien, est-il vraiment nécessaire de rendre les transports en commun gratuits au Luxembourg? Il faut rappeler que les étudiants de moins de 30 ans et les personnes les plus faibles financièrement ont déjà la gratuité. Pour les plus de 60 ans, l’abonnement annuel est de 100 euros, et pour les autres, l’abonnement sur l’ensemble du réseau est de 440 euros par an, soit 1,2 euro par jour, un abonnement régulièrement à la charge de l’employeur. Alors, oui, même quasiment inutile dans le contexte luxembourgeois, la belle idée reste moderne, ou plutôt un symbole que la Gambia II veut porter très haut.
Jeremy Zabatta