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Transfrontalier : rester dans le tempo

Ya-t-il une idée fixe chez Dominique Gros, pour défendre encore les compensations fiscales alors qu’il n’est plus maire de Metz ? C’est ainsi que certains opposants ont pu dépeindre son combat. La question se pose pour tous ceux qui ont pu insister sur le sujet, l’auteur y compris.
Avez-vous déjà observé un bon joueur d’échecs? C’est fascinant. Il ne met pas de passion inutile dans son jeu, il pèse les conséquences de la pièce qu’il va toucher et donc jouer. Son art consiste à anticiper le schéma, au fur et à mesure que la partie avance, et que les «variantes» d’ouverture sont écartées. Les combinaisons se comptent par milliers. Mais en fin de partie, une fatalité peut se dessiner : il faut alors chercher le «pat» (pas le verre en luxembourgeois!), le nul qui sauve la mise.
On peut étudier toutes les «variantes» que l’on veut pour résoudre le problème de la métropolisation du Luxembourg : il ne semble plus possible d’éviter la dimension fiscale. Les sujets sont trop globaux – la crise le démontre – pour raisonner projet par projet. Une métropole comme Bordeaux, souvent présentée comme plutôt aboutie, ne va pas à la petite semaine demander aux communes dans son giron ce qu’elles veulent dans le panier de courses. Il y a un budget commun, pour résoudre des problèmes communs. La ténacité de l’ancien maire de Metz vient probablement de là : il a admis hier n’avoir pas considéré l’option des rétrocessions fiscales en début de mandat. Du temps s’est écoulé jusqu’à la recommandation du Conseil de l’Europe en 2019. Du temps s’est écoulé pour que Xavier Bettel ouvre une option dans son discours sur l’état de la Nation («être plus reconnaissant avec les voisins»). Le temps aux échecs, c’est le «tempo». Quand on perd un coup à bouger une mauvaise pièce, on perd un tempo. Ce n’est pas comme perdre son temps dans une salle d’attente. C’est perdre la facilité de développer harmonieusement son jeu.

Hubert Gamelon